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 130            UN LYONNAIS A L'il.E DE LÉREINS

    Si je me reporte à l'histoire des îles de Léreins, dont le
 groupe se compose de l'île Sainte-Marguerite, l'île
 Saînt-Honorat, l'îlot de Saint-Féréol et des récifs con-
 nus des marins sous le nom des Moines ou Frères, je
 trouve que Sainte-Marguerite est célèbre par sa prison
 où a été renfermé le Masque de Fer dont le mystère est
 encore bien obscur; par le séjour des Arabes de l'Al-
 gérie révoltés qui y ont laissé de nombreuses tombes
 des leurs, et enfin, de Bazaine de triste mémoire et de sa
 fuite plus honorable pour son héroïque femme que pour
lui.
    Bien autre est l'histoire de Saint-Honorat, qui était
connue de Strabon. qui l'a dite habitée de son temps.
Plus tard saint Honorât venant d'Orient s'y établit en 410
et y fonda un des monastères les plus importants de cette
mission venue d'Orient pour apporter à l'Occident sa
lumineuse et divine religion. Parmi les premiers moines
on compte nombre de saints sortis de ses cloîtres : saint
Loup, évêque de Troyes, qui arrêta Attila dans sa marche
triomphante ; saint Vincent, le savant père de l'Église,
saint Patrick, patron de l'Irlande, saint Césaire, saint
Fauste, saint Hilaire, saint S&lvien, saint Gatien, saint
Eucher, évêque de Lyon, et beaucoup d'autres qui ont tenu
une grande place dans l'histoire de l'Église. Vers la fin
du septième siècle, en 690, 3,700 moines vivaient sous
la direction de l'abbé de Léreins.
   En725, h s infidèles firent une descente dans l'île;
500 moines furent égorgés dans la cour du vieux cloître
encore existant aujourd'hui. La légende rapporte que
saint Honorât, qui par parenthèse vivait alors quoique
déjà de ce monde en 410, se réfugia sur un palmier
et qu'il n'en descendit qu'après le départ des infidèles.
Un palmier existe près de là, et j'ai entendu un des
moines actuels, plein d'une foi vive, que je lui envie