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            CN LYONNAIS A L'iLE DE UÃŽREINS               129

en rappelant un peu notre coteau des Etroits. Plus loin,
Grasse et ses belles campagnes; le Canet, les hauteurs de
Mougins, tout cet ensemble de verdure qui fait de ces
heureux pays un printemps éternel, ressortant d'autant
plus qu'il est dominé par les hautes montagnes des
Alpes qui subissent les froideurs de l'hiver pendant
neuf mois de l'année et sont couvertes de neige , tandis
qu'à leurs pieds la rose et le jasmin embaument l'air
 aussi bien en janvier qu'au printemps.
   Rien de splendide comme tous ces plans variés qui se
déroulent au nord de l'Ile , tandis qu'à l'ouest la Médi-
terranée, comparable h du saphir liquide, se termine
élégammentpar l'Esterel dont les âpresdécoupures se pro-
filent sur un ciel sans nuages et dont les reliefs restent
dans une pénombre pleine de poésie.
   Ce côté nord-ouest de l'île est surtout remarquable par
les formes bizarres qu'affectent les pins d'Alep dont elle
est couverte. Il semble qu'une armée de serpents en
fureur s'élance du sol rocailleux de l'île, tellement les
troncs de ces arbres sont contournés et tordus. Leurs
branches partant de terre, enchevêtrées les unes dans
les autres en nœuds inextricables, représentent assez
bien des nids de reptiles eh colère se repliant convulsi-
vement les uns contre les autres. Plus loin, on croit voir
l'hydre de Lerne aux cent têtes aux prises avec une
immense pieuvre qui l'étreint de ses bras gigantesques,
et, lorsque par un [beau clair de lune, on parcourt cette
partie de l'île, on se croirait transporté dans un monde
fantastique dont les fantômes et les monstres les plus
 étranges ont fait leur domaine.
   Ne serait-ce point de là qu'est sortie la légende des
serpents infestant l'île de Léreins, avant que saint Honorât
y abordât et qui en furent chassés miraculeusement par
le grand saint ?
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