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» UN LYONNAIS A l'iLE DE T^REINS 127 pour qu'il se trouve en dehors de la foule, d'où il voit s'agiter au-dessous de lui toutes les passions humaines, depuis la politique et les discussions religieuses jusqu'à la fureur des intérêts matériels et les fantaisies de la mode, qui, même au point de vue philosophique, exercent leur influence sur l'opinion publique dans des conditions excessives. Mais il est bien bon aussi de se trouver quelquefois l'esprit calme, dans une île que les jours de tempête rendent inabordable aux journaux et aux nouvelles du continent ; c'est là aussi une des impressions les plus pures du séjour à l'île de Léreins. Comme renseignements sur Saint-Honorat, n'allez pas prendre au sérieux la description que vous en donnent les guides Joanne (1). Uneîle au sol rocailleux et aride, sur- montée d'un, vieux château en ruine et çà et là quelques grêles bouquets de pins ! Oh blasphème! Saint-Honorat, perle trop peu connue pour être appréciée ce que tu vaux ! Imaginez-vous donc un parc sauvage splendide, tel qu'il est sorti des mains de Dieu et où toutes traces de civilisation humaine ont disparu. Les bois, composés d'arbres séculaires, affectent des formes aussi étranges que pittoresques, un fouillis d'arbustes de toutes sortes varient cette végétation fleurie ; un épais tapis composé de mousses et de fines feuilles de pins, sur lequel la pro- menade est une véritable gourmandise des pieds et le plus beau climat du monde ; car jamais cette île fortunée n'a subi la gelée, et à peine une fois ou deux par siècle, la neige vient-elle poudrer légèrement sa robe toujours (1) La dernière édition de 1877 est mieux renseignée.