page suivante »
LA PLACE SAINT-CLAIR 125 Quoique cette chapelle, d'après Cochard, ait été démo- lie quelques années seulement avant 1826, date de la publication de cet historien, je n'en ai pas le moindre sou- venir ; cependant ma famille habitait ce quartier, et en 1817, à l'âge de 17 ans, j'allais prendre des leçons de fabrique d'étoffes de soie, chez le père Villard, habitant le 4e étage de la maison qui touche celle qui a remplacé la chapelle. Le style delà fontaine, existant encore au milieu de la place Saint-Clair, rappelait celui de plusieurs petits monuments de ce genre qui ont été entièrement détruits, entre autres celui de la place Saint-Michel. Ce style peut paraître singulier ; mais cependant il était admis dans l'ancienne Rome, et l'on peut en voir un exemple sur la place du Colisée, dans les restes d'une petite construc- tion antique dont j'ai rapporté un dessin, parce que ce souvenir archéologique me rappelait la fontaine de la place Saint-Clair. La chapelle de Saint-Clair était dominée par le che- min des Fantasques. Ce nom singulier, d'après l'Alma- nach de 1745, provenait de ce que cet endroit très-ècarté servait de promenoir à des gens d'un caractère particu- lier, qui veulent éviter la compagnie. Guillaume Para- din, écrivain du xvr5 siècle, est plus explicite, et il pré- tend que les brigands et les larrons qui se cachaient en ce lieu détroussaient et assassinaient les passants (liv. 2 e . P. 214). Ce fait, s'il est vrai, prouverait que ces brigands et larrons ne redoutaient pas la clair-voyance de saint Clair et celle des agents de police; aujourd'hui ce quar- tier excessivement peuplé est occupé par des maisons très-élevées, habitées généralement par des ouvriers en sole. PAUL SAINT-OLIVE.