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                 NOTICE SUR E.-L.-M. PATRIN               313

les nôtres. M. le curé de Mornant, que je salue, aurait bien
ri s'il avait vu, le 30 août dernier, la procession de saint
Alexandre Newski. Ce jour-là, qui est la fête d'un des
premiers ordres de chevalerie de l'empire, toute la cour se
rend en pèlerinage au couvent de Saint-Alexandre, à une
lieue de la ville. Autrefois, elle y allait à pied ; mais à
présent, l'on y va en carrosse. Tout le clergé y alla à pied ;
il était très-nombreux et en habits somptueux. Plusieurs
évêques et archimandrites portaient un bâton pastoral de
vermeil, semblable au caducée de Mercure, la tête couverte
d'un bonnet doré semblable à nos anciennes marmites ou
tupins, couvert de pierreries.de petits tableaux et de reli-
quaires. C'était la plus belle chose du monde. Mais ce qu'il
y eut de comique, c'est qu'au retour, évêques et archi-
mandrites étaient en carrosse, suivis d'un ou deux prêtres
en chappe ou tout au moins en dalmatique, comme d'au-
tant d'heiduques ou de laquais. J'étais à dîner chez le con-
sul de France, quand cette mascarade défila.
    « Le peuple russe est extrêmement superstitieux. Il ne
passerait pas devant un tableau sans s'incliner jusqu'à
terre, et se signer chaque fois de la main droite à la gau-
che et seulement avec trois doigts. Des hérétiques n'en
mettent que deux, mais si on les apercevait on les lapide-
rait vite. Les évêques donnent la bénédiction, le pouce
appuyé sur la seconde phalange du quatrième doigt, lestrois
autres étendus. Du reste, ils fendent l'air degauche à droite,
comme chez nous. La passion des images est si grande,
qu'il n'y a pas d'habitation où il n'y ait dans la principale
pièce trois petits sujets de dévotion, dont l'un représente
toujours saint Nicolas. Ceux qui entrent commencent
par faire les trois signes de croix, ensuite ils parlent
aux gens de la maison. Cet usage est si général que je
l'ai trouvé observé même chez le directeur de l'Acadé-