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156             '        LES GRANDS-CAPUCINS.

   A l'époque de la grande pe3te de 1628, qui ravagea épouvan-
tublement notre ville, les grands-capucins, ainsi que ceux du
Petit-Foreys, établis à Lyon depuis 1622, et dont l'église était
sous le vocable de saint André, se dévouèrent à soigner les pes-
tiférés et un grand nombre de ces religieux furent les victimes
de leur admirable charité. On trouve une multitude de détails
intéressants relatifs à cette calamité dans un manuscrit latin de
la bibliothèque intitulé : Brevis enaratio iuctuosi status pro-
vincial lugdunensis F. F. capucinorum in immani peslilentia.
On a joint à ce travail une traduction française manuscrite.
L'auteur de cette enaratio fut le P. Michel-Ange, définiteur des
capucins (1) de la province de Lyon ; elle a été terminée et signée
par lui le 9 septembre 1636.-
   Les deux couvents rivalisèrent de courage, et, dans le mémoire
précité, il est dit en effet que les religieux utriusque c'œnobii lug-
dunensis furent spécialement charges de l'accomplissement de
cette tâche héroïque. La maison de Saint-André fut attaquée par
la peste et eut beaucoup à souffrir de cette invasion ; les capu-
cins de saint François, dit les grands-capucins, perdirent aussi
un grand nombre de leurs collègues, mais le couvent fut exempt
de la contagion. L'histoire de cette maladie affreuse présente un
intérêt excessivement émouvant, et le mal fut encore augmenté
par d'épouvantables émeutes populaires. On trouve des détails
très-intéressants sur ce sujet dans le tome deuxième de l'His-
toire de Lyon, par M. Monfalcon, et l'on apprend combien de'
tout temps sont dangereuses les passions de la multitude exal-
tées par une stupide crédulité.
   Cette peste de 1628 avait laissé dans notre ville un foyer d'in-
fection qui, de temps en temps, renouvelait les souffrances de la
population. Ce fut en 1643 que le Consulat, pour combattre cette
triste épidémie, s'engagea à aller chaque année processionnel-
lement à lachapelle de Fourvière, le 8 septembre, jour de la

  (t) Définiteur : c'est dans certains ordres religieux le moine qui est
choisi, à l'effet de régler les affaires de l'ordre, de la province ou de la
congrégation, lors de la tenue des chapitres (le Grand Vocab. français).