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54                 MADEMOISELLE DE VIR1EU.

blessé. Sous la conduite de cette religieuse, Mlles Stéphanie et
Emilie de Virieu changèrent sept ou huit fois de logement,
toujours chassées par les boulets, qui finissaient par arriver
jusqu'au centre de Lyon.
   Quand h ville se fut rendue à discrétion, Mme de Virieu, pré-
voyant les maux et les persécutions qu'allait entraîner l'occupa-
tion révolutionnaire, se procura un petit logement au-delà de la
 porte de Saint-Just et s'empressa d'envoyer chercher ses filles.
 Voici comment Mlle Stéphanie de Virieu décrit l'impression que
 parut éprouver sa mère en revoyant ses deux chers enfants :
 « Je vivrais cent ans, que je n'oublierais pas le regard avec
 « lequel elle nous accueillit. Ce regard, qui devenait si radieux
 « lorsqu'elle nous revoyait après quelques jours d'absence,
 « avait, au contraire, une expression calme, mais d'une douleur
 « si navrante, que nous restâmes muettes et consternées, nous
 « qui arrivions toutes joyeuses de la revoir, et de retrouver de
 « l'air et du soleil. Elle s'était séparée la veille de mon père,
 « et un pressentiment, qui ne la trompait pas, l'avertissait
 « qu'elle ne le reverrait plus ! »
   jjiie d e virieu raconte ensuite comment sa mère put se pro-
curer pour elle et pour ses deuxfillesdes vêtements de paysannes :
elles allèrent à pied jusqu'à Ducrne et de là sur les bords du
Lignon. Sa sœur Emilie était délicate et avait beaucoup souffert
pendant le siège, mais la petite caravane, guidée par une villa-
geoise forésienne ïoinon, eut la chance inespérée de rencontrer
un âne sur lequel on fit monter la pauvre jeune fille qui ne
pouvait plus marcher. De Duerne, on gagna en quatre petites
journées Saint-Germain-Lavaî en Forez, patrief de cette villa-
geoise, qui les mit là, comme dans un asile assuré, chez son
frère, maréchal-ferrant. Celui-ci partagea son pain avec les
dames inconnues que lui amenait sa sœur.
   Mais MmG de Virieu,"pour ne pas lui être à charge, prit un
 logement chez une femme du voisinage, moins sûre que lui, et
 imprégnée d'idées révolutionnaires.
   Cette femme soupçonnait bien un peu ses hôtesses d'être
 autre chose que des paysannes ; cependant, Mme de Virieu