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472 DEUX POÈTES PROVENÇAUX. Si le monde remarque — Pétrarque, — est-ce pour ses vers latins ? — Oh ! non ! mais pour Laure, — qu'il exalte — le matin et le soir. Si de Saïl d'Auvergne — les aulnes — savent encore le nom, — Peirol ne Tapas en vain — chantée, — en tenant ses genoux. Qui est-ce qui réchauffe — et emplit d'enthousiasme — Raimbaud de Vacqueiras?—C'est la belle Béatrix,—qui bêle—d'amour entre ses bras. Qui donna courage — et gaïlé — à Gui de Cavaillon ? — La comtesse Garsende, — breuvage — qui de lui fit un lion. Toi donc, si de la vie — extatique — tu veux savoir la splendeur, — cherche-toi une brune ! — et égraine — le rosaire d'amour. Ce n'est pas à dire que toutes les pièces du volume soient aussi finies en leur délicatesse. En général, M. Mathieu tend à se préoccuper un peu exclusivement du style du détail, pour ainsi dire, aux dépens de l'ordonnance et de la compo- sition. Certaines pièces n'ont pas assez un commencement, un milieu et une fin, trois choses indispensables. On pourrait quelquefois y ajouter des strophes, en retrancher sans que cela fût bien visible. D'autrefois il leur manque ce trait final qui en doit être comme le bouquet. Dans l'Oisillon en cage, le Baiser du Vendredi-Saint, par exemple, le thème est déjà connu et épuisé. Le petit chat tourne au madrigal. Le XVIII e siècle a mille exemples des mêmes formes de com- position. Mais en revanche quoi de plus gai, de plus alerte que celle intitulée en provençal Zoul (en avant!) Fleur du Rhône est encore un bijou de finesse discrète. Mais une des plus enjouées et d'un esprit charmant est celle intitulée : Lélette et Norade , qui clôt le volume d'une manière piquante. C'est la belle nuit de Noël ; Lélette et Norade, et toutes les filles chantées par le poète, vont adorer la Vierge et l'Enfant chez les Béthléémites. Lélette, d i t N o r a d e , il se dit même—qu'aux pécheresses— il sourit; à c e t t e n o u v e l l e . — « Vite ! s ' é c r i e L é l e t t e , parlons vite, Norade ! — allons voir la bienheureuse ! » Les pauvres filles n'ont pas grands présents à offrir; Norade et Lélette portent des figues pendulines ; Margaï et