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368                        NICOLAS BERGASSE.

ses sentiments contre l'indigné écrivain qui prenait la défense
de l'injustice, ni son amitié très-vive toutefois pourKornmann;
son mobile principal fut le sentiment élevé et généreux du
citoyen qui croit remplir, au péril de sa vie, un devoir envers
sa patrie. Le procès de lord Hastings, accusé devanl le par-
lement d'Angleterre d'avoir été le Verres des Indes, faisait
retentir à ce moment en Europe l'éloquence incomparable de
Burke, de Fox, de Sheridan. Nul doute que Bergasse n'ait
voulu jouer ce grand et périlleux rôle de procureur général
de l'opinion publique contre de puissants criminels. Des cen-
taines de brochures échangées entre les deux camps attestent
le caractère d'intérêt général qu'il sut donner à celle cause.
Pendant deux années entières, de 1787 à 1789, le procès
Kornmann fut la grande affaire, non seulement du Palais
où les incidents se multipliaient, mais des cercles, des salons,
des cafés, de la cour elle-même, qui se divisait entre Ber-
gasse et Beaumarchais. Aussi l'histoire de ce démêlé se con-
fond-elle avec l'histoire même de celle période agitée et
décisive.

                                     III.

   C'était le moment de la dernière lutte des parlements con-
tre la royauté (1). Elevé au contrôle général des finances en
1784, trois ans après le fameux compte-rendu de Necker
qui avait lui-même éconduit le savant et vertueux Turgot,
M. de Galonné, à bout de profusions et d'expédients, et forcé
d'avouer huit cents millions de dettes nouvelles, venait de
convoquer l'Assemblée des notables. C'étaient des Etats gé-

    (1) Toute cette partie historique ainsi que les détails sur la municipalité
 de Saint-Gcrmain-Laval et l'analyse des cahiers du tiers-état de Lyon ont
 été supprimés à la lecture publique.