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360 NICOLAS BERGASSE. C'est à propos de son ouvrage sur le mesmérisme, qui est encore cité de nos jours dans tous les traités spéciaux, que le nom de Nicolas Bergasse paraît pour la première fois dans les mémoires du temps. La maison du banquier Kornmann, lié d'intérêt avec ses frères, lui offrit tout de suite ce cercle d'admirateurs et au besoin de protecteurs influents si néces- saire aux réputations naissantes. Brissot, le chef futur de la Gironde, qui ne se faisait appeler alors que M. de Warville, raconte qu'épris des nouveautés de Mesmer, il demanda à être présenté à l'écrivain philosophe qui venait de se placer à la tête de cette science de merveilleux (1), « Vous croyez trouver un savant, répondait Bergasse ; vous ne trouverez qu'un homme simple et bon qui cherche la vérité dans son cœur. » Quelques femmes d'espril, ajoute Brissot, plus amou- reuses de sa réputation que de lui, l'idolâtraient ; des par- tisans du mesmérisme, qui avaient besoin de soutenir son échafaudage pour soutenir leur secte, l'encensaient comme le Grand-Lama (2). » Une étroite sympathie lia bientôt ces deux hommes, dont l'un avait écrit une théorie des lois cri- minelles, et l'autre avait publié à Paris son discours sur l'hu- manité des juges. Les illusions du magnétisme n'étaient pas faites pour les abuser longtemps. Ils échangèrent bientôt les secrètes pensées qui couvaient alors dans toutes les âmes. On sentait venir la Révolution comme on entend du haut des lonté. « Le discours d'inauguration prononcé par Bergasse a été reeueilli dans ses Discours et Fragments publiés en 1808. (Paris, chez veuve Dufresne, près le Palais-de-Justice). (1) Le livre de Bergasse est intitulé : Considérations sur le magnétisme animal ou sur la théorie du monde et des êtres organisés , d'après les prin- cipes de M. Mesmer. (In-8° de 119 pages.) (2) Mémoires historiques et curieux de Brissot sur ses contemporains et la Révolution française, publiés par Anacharsis Brissot, son fils, (Paris chez Ladvocat, 1832.)