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             RAPPORT SUR LES HARMONIUMS.          339

paru. Nous voulons dire la lenteur, l'hésitation, le bégaie-
ment, si l'on peut ainsi s'exprimer, que les notes de l'oc-
tave grave mettaient à répondre à l'attaque de la touche.
    Les inventions propres à M. Beaucourt méritent une
attention particulière. Elles sont au nombre de trois :
Le double enfoncement, les doubles timbres et les genouil-
lères expressives.
    Aussi simple qu'ingénieux, le double enfoncement a
pour effet de dédoubler, pour ainsi dire, le clavier et les
jeux de l'instrument. Les quatre jeux dont se compose le
grand harmonium étant tirés, la touche, poussée à tiers
de course, ne fait parler que les deux jeux postérieurs ;
pour que les deux jeux antérieurs parlent à leur tour,
il faut que la touche soit poussée à fond.
    Ces deux temps qui forment la course totale sont sé-
parés par un arrêt qui,* sans constituer une résistance
réelle, suffit toutefois pour avertir toute main quelque
 peu exercée. Il faudrait de longues pages pour décrire
 les combinaisons variées auxquelles se prête cette in-
 novation. L'on comprend, en effet, que chaque enfon-
 cement devient un clavier différent, puisque l'un et
 l'autre animent des jeux à timbres très-différenciés. On
 peut donc faire prédominer le chant, quelque situation
 qu'il occupe dans l'ensemble harmonique, et en même
 temps produire des effets d'écho, des broderies d'ac-
 compagnement, des imitations, des réponses, des des-
 sins de contrebasse comme si l'on avait un petit orchestre
  sous là main.
    Il importe d'ajouter que peu d'heures d'étude suffiront
  à tout pianiste de quelque valeur, pour s'initier à la
  pratique du double enfoncement.