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                      UNE CURE HÉROÃQUE.                    317

 montant ses souffrances, il se leva et marcha en chancelant
jusqu'à l'office où ses gens surpris et enchantés de le voir
debout, l'accueillirent en le félicitant de sa guérison sou-
 daine.
    Mais ils furent vite et cruellement détrompés quand le
marquis, fulminant contre leur désobéissance, leur déclara
qu'ils étaient tous dupes d'un escroc effronté, après lequel
il fallait courir aussitôt, puisqu'il avait dérobe des choses de
valeur.
    Mais Survilliam, se doutant bien que sa ruse serait avant
peu découverte, était parti au grand trot de ses chevaux de
louage pour arriver à Évian ; la, il s'était embarqué sur le
lac de Genève où un bateau l'attendait pour parvenir a la
côte opposée. Depuis là, ses traces furent bientôt perdues.
    On concevra facilement le désordre et la confusion que ce
vol audacieux jeta dans le château, et le bruit qu'il fit dans
le pays ; mais ce qu'il y eut de bien surprenant et ce que
les annales médicales du temps attestent, c'est que l'ébran-
lement moral et physique produit par cet événement, guérit
effectivement le marquis, dont les accès de goutte ne
reparurent plus depuis lors.
   Rien ne dispose a l'indulgence comme le retour à la santé,
après de longues souffrances; aussi M. de Gorifa, en repre-
nant son régime et sa belle humeur , piit en même temps
son parti de cette mésaventure, à ce point qu'il la racontait
volontiers et en riait tout le premier.
   Une année après la disparition subite du sieur Survilliam,
il reçut de lui la lettre suivante datée d'Amsterdam, le 14
septembre 1763 :

       Monsieur !
  J'apprends avec joie que vos accès de goutte ne sont pas
revenus, et vous ne serez pas surpris si j'ai fait comme