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238                       BIBLIOGRAPHIE.
 venues à l'appui de ce que nous avons avancé. L'Almanach
provençal est cependant plein de contes, de fabliaux, d'histoires
 comiques et railleuses, pâture certainement appropriée au goût
 des lecteurs méridionaux. .En parcourant ces pages assaisonnées
 du plus pur sel gaulois, l'éclat de rire succède à l'éclat de rire.
Une traduction fera perdre tout le charme de ces riens qui
n'ont de mérite que par la manière dont ils sont contés. Voilà
cependant une histoire que nous hasardons en déclarant que
c'est dans l'original seulement qu'elle a toute sa saveur et son
bouquet :
   « La vièio Françoun, reire-grand , bravo femo qu'èro patia-
rello, e que vièru aro de si rèndo....
   La vieille Françon, mère grand, jadis marchande de chiffons
et qui aujourd'hui vit de ses rentes, avait pour ses dimanches et
ses fêtes des Heures qui avaient fini par se découdre
   Elle alla trouver le relieur.
   — Monsieur le relieur, lui dit-elle, j'ai des Heures qui se
sont décousues, et qui convenablement réparées pourraient
faire encore leur petit service. Si vous m'arrangiez... (se rn'a-
coumoudavias).
   — Voyons, brave femme.
   — Voyez-vous, je ne sais lire que dans les miennes             et
puis, aujourd'hui, on met dans les Heures des prières qui ne
remuent pas comme celles de l'ancien temps. Et puis il y a,
dans mon livre, des lettres comme mon doigt !... et nous avons
un peu vieilli... ah ! mes pauvres yeux.!... et combien me coû-
terait votre réparation (voste rebihage) en bonne peau ?
   — Quinze sous.
   — Vous ne pouvez rien rabattre? Nous sommes dans de
mauvais temps, et l'on gagne peu.
   — Allons, mettons quatorze sous et qu'on n'en parle plus.
   — Eh ! bien, soit ! je vous donnerai quatorze sous... et dites-
moi... par dessus le marché,, ne pourriez-vous pas m'allonger
un peu les lettres? »
   Ce petit conte n'est-il pas charmant? ce tableau si vrai, si
naïf et peint avec tant de finesse et de gaité n'est pas le seul, ni