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                       DU PONT DE LA GWLLOTIÊRE.                   121

se trouvaient toujours prêts, quand il s'agissait d'égorger
un ennemi.
   Ainsi en 1572, un gentilhomme du Dauphiné, venant
de la cour, arrivait dans la ville, se croyant parfaitement
protégé par le sauf-conduit que lui avait délivré le gou-
verneur. Attendu sur le Pont du Rhône, entre les deux
portes, par quelques catholiques et un sieur Boidon, ca-
pitaine pennon et marchand de la ville, très-connu par
les meurtres qu'il avait commis ou qu'il avait fait com-
mettre, il fut contraint de mettre pied à terre avant d'en-
trer; son serviteur dut en faire autant, et tous deux,
après avoir esté dagues, furent jettes dans la rivière.
   Les massacres du 28 août furent affreux ; un très-
grand nombre de protestants périrent alors, et les fem-
mes ne restèrent certainement pas étrangères à toutes les
cruautés qui se commirent.
   Le lundi, premier jour de septembre, plusieurs Hugue-
nots, victimes de la guerre civile, n'ayant point reçu la
sépulture, car la sépulture leur était refusée, furent traî-
nés et jetés dans le Rhône par la populace, ce qui donna
lieu à la composition d'une chanson de ce temps, dont
nous copions le couplet suivant :
                           D'où vient Madelon?
                        Elle vient, répond Janot,
                         D'estriper un Huguenot.
                 L'on m'a escrit que les Grimaux de Lyon
                       Vont très tous en Avignon
                         Par le Rosne sans bateau
                          C'est terrible cas (1).

   A la suite de ces cruautés, M. de Mandelot, obligé de
  (1) Coq-à-1'asne de Sancerre et de la Charité. Paris, Nicolas Bonfous,
1585 Hy. I « p . 69.