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LES VILLEROY. 91 son oraison funèbre prononcée en la chapelle des pénitents blancs par Pierre Seguin, docteur en droit, d'Halincourt ne serait pas seulement l'auteur de certaines fortifications de notre ville qui, suivant son ridicule panégyriste, faisaient honte aux jardins suspendus de Sémiramis, il devrait encore aux yeux de la postérité passer pour un grand homme et pour le bon génie des Lyonnais. Mais l'histoire n'a pas confirmé ce jugement; elle nous le montre au con- traire souple devant les grands, ennemi de nos libertés consulaires , d'ailleurs fort habile a saisir tout ce qui pouvait concourir a l'élévation de sa maison. Sous ce rap- port ses espérances furent assurément dépassées par le mariage qu'il réussit à faire contracter à son fils aîné, Ni- colas de Neufville. C'était le temps de la toute puissance de Lesdiguieres, véritable souverain du Dauphine. Il sembla au vieux guerrier qu'unir sa famille à celle des Yilleroy était un moyen de reculer les limites de son gouvernement, et que les Neufville, profondément flattés d'une pareille alliance, n'auraient jamais assez de déférence pour un tel voisin de- venu leur parent. D'ailleurs, le jeune Nicolas était homme de bonne mine ; pourvu dès 1615 de la survivance du gou- vernement de son père, il avait servi avec mérite dans l'ar- mée d'Italie, sous les yeux de Lesdiguieres, qui peu après lui donna sa petite fille, Madeleine deCréquy (1617). Nous ne pouvons assez insister sur les conséquences de ce mariage qui changeait en quelque sorte le milieu des Yilleroy et les reliait a ce que la noblesse militaire avait de plus éclatant. Dès lors, Lyon devenait un théâtre trop étroit pour leur ambition. Nicolas qui avait succédé a son père dans le gou- vernement de notre province, y séjourna fort peu. Il se re- posa des soins de cette administration sur son frère Camille, d'abord abbé d'Ainay et de l'Ile-Barbe, et plus tard, en 1654, archevêque de Lyon. Tranquille à cet égard, car