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BIBLIOGRAPHIE. 75 lle je me le demande, de la dédicace à M Déjazet — dont je respecte les aumônes, non l'emploi du talent? Votre louange de Béranger n'a-t-elle pas élé trop loin ? Honorez en lui le bon citoyen, c'est justice, mais son œuvre fut-elle en tout « œuvre morale » comme vous le dites. Je m'en tiens à un souvenir : est-il moral d'égaler le vice et la verlu? la courti- sane el la Sœur de charité..? Dans votre satire contre les Ul- tramontains votre verve n'a-t-elle pas dépassé le but? Stig- matisez l'esprit d'intolérance, d'ambition temporelle, de ruse et d'orgueil, vous ferez une œuvre sainte, mais cet esprit n'est ni l'esprit de l'Evangile, ni celui des saints de l'Eglise ca- tholique. Ne confondez pas, n'ajoutez pas aux malentendus du moment ; — c'est la question de l'avenir et du salut de la société.— Ne confondez pas les abus avec les principes, les boucs avec les brebis, les choses de la terre avec les choses du ciel. Et, pour joindre le plaisant au sévère, pourquoi dans l'em- portement cfe votre course sur Pégase, ne déterminez-vous pas mieux votre pensée sur les âmes des créatures inférieu- res? vous croyez, avec moi et d'autres, que les bêtes le sont moins qu'on ne pense, el qu'aucune âme ne meurt ; c'est bien ; nous aurons avec nous des Pères de l'Eglise, Leibnilz el môme les observateurs modernes; mais ajoutez que ces âmes sont de nature différente, d'un prix inférieur et ne peuvent avoir les mômes destinées. Votre hisloire des Trois Merles laisse place à une humiliante et impossible confor- mité ; cependant lorsque voire ami franchit le seuil de votre porte et que le petit chien Pivèla lui saute aux jambes, vous usez de deux mesures : tendant la main à l'ami et repoussant du pied le petit chien ! Je veux terminer ma lettre, déjà longue, avec ces vers qu'une main ou plutôt un cœur de poète chrétien vous adressa tout à l'heure :