Revue du Lyonnais » série 2 - n°24 ( 1862 ) » pp.069

                         BIBLIOGRAPHIE.                     69

   Vous appelez les petits enfants et vous leurs dites :

          Aimez Dieu, chers petits enfants,
          Il est l'auteur de toutes choses,
          Il chérit les cœurs innocents,
          Pour eux il fait fleurir les roses.

          Pour eux il émaille de fleurs
          Les champs sous de splendides voiles,
          Met le rire à côté des pleurs,
          Dans les cieux sème les étoiles.

   Il me semble voir le doux Bernardin de Saint-Pierre,
montrant d'une main le globe couvert de verdure et de fleurs;
de l'autre, le firmament, grand livre bleu aux caractères
d'or et disant : « Apprenez donc à être heureux et sages. »
   Tendre et profonde est votre intelligence de la condition
humaine dans sa plus poignante expression, le Mendiant;
vous sentez d'où vient la force et la résignation lorsque vous
dites :
         Il n'est attendu nulle part ;
         Le pauvre n'a pas de famille :
         Qu'il rentre tôt, qu'il rentre tard,
         Pour lui nulle âtre ne pétille !

        Et cependant, sans feu ni lieu,
        Ce mendiant, dans son martyre,
        S'incline sous la main de Dieu,
        Lutte et souffre sans le maudire.

         Vivrait-il s'il ne croyait pas !...

        Ce Pauvre, demandant son pain,
        Est ferme jusqu'à ce qu'il tombe ;
        11 se résigne à son destin,
        Fixant l'autre bord de la tombe !