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	                        SUB HICHARD DE LAPRADE.                              37
 poids aux yeux de la noble cour qui doit le juger (1). »
    L'Adresse proposée par de Laprade fut signée par tous ;
 et l'habile défenseur de Chantelauze, devenu depuis lors l'un
 des vôtres, (2) puisa peut-être dans cette démarche, un appui
 une force nouvelle.
    La ne s'est pas arrêté notre collègue ; courtisan de l'infor-
 tune, toutes les années, il s'imposait un pénible pèlerinage
au fort de Ham dont son amitié persévérante ouvrait les
portes. Durant de longues heures, il venait adoucir les
angoisses, les souffrances physiques et morales du prisonnier
d'état. Pour oublier le présent, ensemble ils remontaient
vers le passé, ce temps si doux où touts deux, au début de
la carrière, se préparaient par de fortes études à prendre
rang dans le monde, où Richard plus avancé en âge, plus
lettré, enseignait a son compagnon la littérature et la phi-
losophie qui devaient être leur consolation dans le mal-
heur (3).
    (1) Histoire de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de ij/owpar
Dumas, déjà citée.
    (2) M. Sauzet qui, dans le cours même de l'année 1831, fut nommé mem-
bre titulaire de l'Académie de Lyon, dont, pour la troisième fois, il est
aujourd'hui président.
    (31 Un de ces voyages au fort de Ham, s'accomplit dans des circons-
tances qui demandent à être rapportées : le choléra-morbus sévissait sur
une grande partie de la France ; notre ville était menacée de ce fléau. Des
mesures sanitaires étaient prises à l'avance, des commissions étaient
formées, lorsque Richard apprend que de Chantelauze très-gravement
malade réclame sa présence et ses soins. Pour la première fois, il hésite :
son devoir le retient au milieu de ses compatriotes, il craint d'être absent
à l'heure du danger, d'abandonner un poste où il peut être utile : ce n'est
qu'après un combat, une lutte intérieure cruelle pour lui, que le sentiment
de l'amitié l'emporte, qu'il se résigne à partir. Il ne fallut rien moins que
l'affection dévouée qu'il portait à la souffrance et au malheur pour le
décider à ce sacrifice.
					
		