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53&               UNE PROMENADE EN SUISSE

comme un ruban aux mille couleurs, foule rieuse et bruyante
qui dépoétise toutes ces beautés dont on voudrait pouvoir
savourer les charmes, seuls avec le spectacle de l'Å“uvre et la
pensée du créateur.
   Par un sentier pénible, nous sommes portés sur un pla-
teau couvert d'un épais tapis de verdure où tout à coup nous
nous trouvons en face du Giesbach, splendide et superbe...-
Du sommet de la montagne, à travers les sapins, les charmes
séculaires, les blocs moussus et les vernes tremblants, il s'é-
lance et se brise en mugissant contre un rocher; furieux , il
 se relève, et quatorze fois tombe, bondit, retombe et rebon-
dit pour se perdre enfin dans les eaux paisibles du lac. Rien
 de plus beau, de plus majestueux que celte onde écumante
et ses reflets argentés tranchant sur la sombre verdure
dont elle est encadrée et sur les noirs nuages qui semblent
la vomir de leurs flancs entr'ouverls. Nous voulons voir sous
tous ces aspects cet admirable tableau; là, sur un pont
tremblant, nous touchons presque de la main la chute prin-
cipale qui, d'une hauteur de trente mètres se brise en flocons
à nos pieds et nous inonde d'une pluie étincelante ; plus haut,
sous une corne du rocher, s'ouvre une grotte devant laquelle
tombe une nappe de cristal dont le voile éblouissant nous
sépare du reste de la nature, tandis que sur nos têtes, le rou-
lement de ces eaux tonnantes nous jette dans une muette et
solennelle contemplation. Nous descendions, rêveurs et si-
lencieux, quand tout à coup, au milieu de l'étroit chemin
qui serpente aux flancs de la cascade, deux petites filles ac-
croupies sur une large pierre couverte de mousse, el ga-
zouillant je ne sais trop quelle chansonnette allemande, nous
arrêtent et nous offrent un bouquet de fraises, et des fleurs
gracieuses comme leur sourire, purpurines comme leurs
joues.
   Les spectacles se suivent et ne se ressemblent pas... nous