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530                     LETTRE INÉDITE

lui avait valu, auprès de certains philosophes plus ailiers que
lui, en réalité, un renom de fanatique, de suppôt de l'Inqui-
sition, d'apologiste du bourreau. Dans le IVe volume des
Causeries du Lundi, M. Sainte-Beuve a de rechef in-
sisté, avec toutes sortes de détails charmants et gracieux,
sur ce caractère méconnu d'un grand et véritable philo-
sophe.
   Nous trouvons, à la page 343 de ce IVe volume, une
note qui a besoin d'être éclaircie par une lettre que n'a pas
connue M. Sainte-Beuve , parce qu'elle est encore iné-
dile. L'aulographe est en nos mains et nous le tenons du fils
de M. Déplace , qui possède encore près de quarante
lettres de J. de Maistre, que peut-être enfin il se décidera à
publier avec un choix des opuscules de son père : ce serait
un honorable monument, élevé à la mémoire de l'apologiste
des Martyrs de Chateaubriand, au correspondant de J. de
Maistre, à l'éditeur du livre du Pape et de l'Eglise galli-
cane.
    « De Maistre, écrit donc M. Sainte-Beuve, a lu Ca-
tulle comme l'avait lu Fénelon, et il en citait un jour quel-
ques vers dans une lettre à Bonald; celui-ci en paraît un
peu étonné. « Vous m'avez fait dire les plus jolies choses
« par Catulle, répondait—il, et si je n'en avais vu le nom au
« bas, ayant un peu oublié ce grave auteur, j'aurais cru les
« vers de vous, tant ils sont faciles et 8gréables. »
   Or, voici une lettre qui nous vient apprendre comment
de Maistre citait du Catulle au rigide et sévère Bonald. II
avait pris la première pièce du poète, la pièce d'envoi à Cor-
nélius, peut-être Cornélius Népos :
        Quoi dono lepidum novum libellum,
        Arida modo pumicc expolitum ?
        Corncli, tibi.

et, avec ses modifications nécessaires, se l'appropriait pour