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398 F.-R. DE LA MENNAIS. plus forte, la main de fer de cette logique impitoyable qui pousse les plus audacieux jusqu'au pas de l'abîme. Nul n'avait com- mencé par une démocratie plus pure, plus évangélique, plus sé- duisante ; nul ne foudroya mieux les excès de cette démocratie spoliatrice et immorale qui n'est que le crime et le vice systéma- tisés: et nul pourtant, en définitive, ne descendit plus bas dans ces régions de-l'égalité haineuse, où tout droit social s'é- teint dans les violences réciproques d'une force stupide. Chose remarquable ! l'homme qui avait cru, avec la plus sin- cère bonne foi, que du traditionnalisme humain le plus domina- teur et le plus inévitable pour l'esprit, il pourrait déduire le christianisme le plus strict et le plus orthodoxe, et même les doctrines de la politique monarchique la plus saine : celui, en un mot, qui avait cru faire de l'Autorité avec le seul nombre, celui- là a été irrésistiblement poussé, par le ressort de cette doctrine de force, à faire de la licence, de l'insurrection, de l'hétéro- doxie ; et l'on dit même qu'aux derniers jours de sa vie il a fini par laisser échapper jusqu'au dernier chaînon de cette tradition théologique, à laquelle doit se rattacher tout esprit, sous peine de mort. C'est qu'ainsi l'a voulu l'absolutisme radical de sa théorie du sens commun et de son prétendu dogme à 'Autorité philosophico- démocratique ; c'est que ce n'est jamais impunément que l'esprit de l'homme abdique en faveur d'autres que de Dieu ; c'est que les opinions communes l'ont écrasé sous leur plat niveau; c'est, en un mot, que M. de la Mennais est vraiment mort sous le poids d'un faux principe. Triste fin de celui qui, dans sa jeunesse, s'était abreuvé à l'intarissable source de la vérité révélée, et que Jésus-Christ lui-même avait marqué au front du titre auguste de ministre de sa vérité et de dispensateur de ses grâces ! Que conclure donc de cette vie si fatalement célèbre, si ce n'est, ce que nous disions en commençant : que la philosophie, ou, pour mieux dire, la métaphysique essentielle est la reine du inonde ; qu'elle possède, de par Dieu, les esprits en souveraine ; et que le