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                      F.-R. DE LA MENNAIS.                      395
méthode absolue ne vont pas à la taille et à la force de
l'homme ; et sa plus grande sagesse sera toujours de reconnaître
qu'il ne lui est pas donné de pouvoir philosopher rigoureuse-
ment , soit isolément, soit collectivement, sans avoir, au préa-
lable , reçu , modestement reçu d'un être plus haut, les primor-
diales et indiscutables notions des êtres et de leurs rapports. En
dehors de cette voie, il n'y a partout que des abîmes entre
lesquels il nous faut marcher, le cœur hautement porté vers ce
verbe révélateur dont la lumière seule peut éclairer tout
homme venant en ce monde. Sursùm corda ! En haut les cœurs!
Voilà la seule philosophie qui sait tout mettre d'accord, préci-
sément parce qu'elle n'est pas exclusive comme les philosophies
humaines, parce qu'elle leur tend à toutes la main, mais pour
les attirer et les établir dans ce milieu supérieur où la vraie
science, la science des causes, se communique sans réserves
à toutes les âmes dans les pures contemplations de l'amour !
   L'Église, toute raisonnable qu'elle soit dans sa soumission à
Dieu, a toujours prémuni ses enfants contre les excès rationa-
listes. Aussi, à dater du jour où l'abbé de la Mennais se fut
établi dans son système, on peut dire qu'elle préluda déjà
contre lui à ses blâmes officiels par la grande contradic-
tion qui s'éleva en son sein entre tous les admirateurs de ce
compromettant apologiste.
   Et pourtant, tant était grande l'aversion des sages d'alors
pour les excès si visibles de la raison individuelle, qu'un grand
nombre d'entr'eux applaudit à cette glorification de la raison
humaine générale, sans s'apercevoir qu'absolutiser ainsi cette
raison générale en la déclarant infaillible, c'était faire pour elle
ce qu'on avait fait pour la raison individuelle ,et que, dans cette
nouvelle divinisation de l'homme , ce n'était se tromper que du
moins au plus : abus d'Autorité humaine au lieu d'abus de
Liberté.
   Plusieurs des grands hommes de la philosophie d'alors don-
nèrent donc à cette philosophie séduisante le sceau de leur adhé-
sion ou du moins la faveur de leur bienveillance. Que si nous y
voyons aujourd'hui plus clair, gardons-nous de nous en énor-