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                     DE LA POSSESSION ANNALE.                     195

lentement, graduellement, comme une chose nécessaire, infail-
lible, par l'affranchissement continuel et simultané des personnes
et des terres. Tant que la propriété fut incertaine ou imparfaite
la liberté pesonnelle le fut également. Mais aussitôt que la terre
se fut fixée dans les mains qui la cultivaient, la liberté civile
s'enracinant dans la propriété, la condition de l'homme s'amé-
liora , la société s'affermit, et la civilisation prit son essor.
    Alors le droit romain pénétra partout, ou comme droit écrit,
ou comme raison écrite, et l'on vit le droit coutumier se développer
insensiblement sous l'influence et la pratique des clercs et des
jurisconsultes s'attachant à effacer la rude empreinte de la féo-
 dalité, et à corriger l'esprit barbare des usages locaux par l'esprit
de justice qui anime les lois romaines.
    » Les trois éléments romain, germanique et canonique, dit
 Klimrath (1), dont l'autorité est grande dans la science histo-
 rique du droit, se sont combinés et fondus diversement, suivant
 les temps et les lieux, et le droit français est résulté d'abord de
 leur mélange , puis ensuite, et surtout du développemeut histo-
 rique et particulier qui a constitué la nationalité française, l'indi-
 vidualité aussi bien que l'identité de son caractère dans ses
 mœurs, ses institutions et ses lois. »
    Ainsi s'est formé notre droit coutumier français, droit essen-
 tiellement national, qui a son caractère propre et particulier dans
 le règlement de la capacité personnelle, des biens, des engage-
 ments, de la famille, des successions, et, ajoutons tout spéciale-
 ment, dans la possession annale dont il nous deviendra désormais
 facile de déterminer et d'expliquer l'origine toute française.


   (1) Hisl. du droit français , t. i, p. 159.-