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154 DE LA SATIRE à ses paroles, finit son récit en déclarant que l'héroïne en est vivante et demeure à Newmarket Heath, où, si quelqu'un a des doutes sur la véracité du faits il pourra aller les éclaircir. On ne peut guère faire qu'allusion à la pièce d'Heyvood intitu- lée : Jean le mari, Tyb sa femme et sir John le prêtre. Le but satyrique d e la pièce, qui est dirigée contre la corruption des mœurs du bas clergé, fait deviner dans quelles relations se trou- vent entre eux ces trois personnages ; on n'a qu'à se figurer un fabliau ou un conte de Lafontaine. Il faut remarquer, à la louange du théâtre anglais, qu'il est d'ailleurs très-pauvre en ce genre de petites farces licencieuses, si communes, au contraire, en France à cette époque, et dont l'abondance même sert à carac- tériser les mœurs de ce temps. La farce joyeuse de Ylndulgencier, le Frère, le Curé et voisin Prat rappelle un conte de Desperriers. On sait l'histoire de ce Jean du Portalais, qui, pour faire pièce au curé de Saint-Eustache, s'en va battre du tambourin devant l'église où prêche celui-ci; plus le tambourin résonne , plus le curé crie, tant enfin, qu'à bout de patience, il descend de la chaire, et va enfoncer la caisse du bateleur. Une lutte du même genre s'établit entre un Indul- gencier et un Frère quêteur qui ont obtenu du curé la permission de prêcher dans son église. Ses oraisons faites, chacun com- mence en ces termes : LE FRÈRE. — Date et dabitur vobis. Bon peuple dévot, ce passage des Écritures L'INDULGENCIER. — Très-honorés maîtres, je viens vous faire savoir LE FR. — Signifie.... (je parle à ceux qui ne savent point le latin). L'IND; — Que le pape Léon X m'a accordé de son chef LE FR. — Signifie, dis-je, en bon anglais..... L'IND.— Et par bulles accompagnées de son seing LE FR. — Distribuez vos richesses parmi les pauvres L'IND. — A toutes sortes de gens, morts ou vivants LE ni. — Et Dieu vous les rendra un jour. L'IND. — Dix mille années et autant de carêmes d'indulgence'.