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114 PHILOSOPHIE CARTÉSIENNE. comme déjà nous l'avons dit, subsiste alors même que Des- cartes s'est trompé dans ses lois de la communication des mouvements ou dans l'explication des phénomènes ; il sub- siste, alors même qu'avec Leibnilz on substitue des forces à l'étendue inerte de Descartes, car ces forces elles-mêmes devront agir suivant les lois de la mécanique. Voilà donc la nature entière éclairée de la plus vive lumière ; voilà le vrai point de vue donné sous lequel il faut désormais la voir ; voilà la clé de l'explication de tous les phénomènes matériels de l'univers. Toutes les sciences de la nature, la médecine comme l'astronomie, ressentent l'heureuse influence de cette grande révolution opérée par Descaries dans la physique. Mais quelques services qu'il ail rendus aux sciences ma- thématiques et physiques, plus grands encore sont ceux qu'il a rendus h la métaphysique et à toutes les croyances es- sentielles de la morale et de la religion. Je rappelle que l'athéisme, le matérialisme, le scepticisme, derniers fruits de la renaissance, étaient les systèmes à la mode au commence- ment du XVII e siècle, et se reflétaient dans une littérature licencieuse, libertine et impie. Par les dissensions reli- gieuses, par le défaut de toute saine et forte philosophie, un grand vide s'était fait dans un certain nombre d'âmes qui s'ouvraient à toutes ces tristes négations. Le remède vint de la philosophie de Descaries ; par elle furent remises en lumière les vérités obscurcies d'une âme distincte du corps, simple et immortelle, de l'existence de Dieu et de la Provi- dence que les esprits forts tournaient en ridicule et battaient en brèche avec les armes d'une fausse et dangereuse philo- sophie. Gr,1ce à Descartes, il ne fut plus seulement d'un moine, d'un bigot ou d'un hypocrite de croire à tout cela, il ne fut plus d'un esprit-fort de n'y pas croire, mais au contraire il fut d'-un esprit véritablement fort et sachant se servir de sa raison, d'en reconnaître et proclamer l'évidence.