Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                 Kl DOCUMENTS LITTÉRAIRES.                       91



                   LETTRE DE BERCHOUX

          A M. MICHAUD, HOMME DE LETTRES.


                           Lyon, ce 20 septembre i8<4 (mardi).



   Mgr le comte d'Artois est arrivé samedi dernier. Son entrée
a été magnifique. Le lendemain, il est allé à l'Ile-Barbe, de là au
spectacle, et partout entouré d'une foule immense et affamée
de le voir. Le lundi, il a passé aux Brotteaux une revue géné-
rale des troupes de ligne et de la garde nationale. Le soir, il a
été à un bal donné par la garde nationale. Rien ne peut sur-
passer la beauté de ce bal et la manière dont il a été accueilli,
surtout par les belles Lyonnaises auxquelles il a parlé avec toute
sa grâce et sa bonté ordinaire. Aujourd'hui, grande fête à Saint-
Pierre donnée par la Ville. Nous sommes tous dans la joie ou
plutôt l'ivresse. Partout où les princes se montreront, ils achè-
veront de gagner tous les cœurs.
   M. de Précy a été reçu ici avec de grands honneurs ; les
Lyonnais l'ont revu avec beaucoup d'intérêt, il accompagne
partout le prince et a l'honneur de dîner tous les jours avec lui.
Je vous écris ce barbouillage au milieu de son état-major qui
est très-brillant, et où la littérature n'est pas trop à son aise.
   Jç vous enverrai quelque chose aussitôt que nos fêtes seront
Jinies > car je veux tout voir et je suis le prince du matin j u s -
qu'au soir. Mais je ne veux rien demander, Dieu merci, au mi-
lieu de cinq ou six mille pétitionnaires qui sont en ce moment à
le harceler .- j'ai obtenu tout ce que je désirais le plus dans le
monde : la monarchie des Bourbons. Je ne demande qu'à la
servir de mon mieux dans mon petit coin. Mes services sont
bien petits, mais du moins ils sont généreux et désintéressés.

                                             BERCHOUX,