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<* DES AMIS DKs ARTS. 79 si habile, si énergique, cette aristocratie, dernier souvenir du sénat romain, avait-elle recours à des moyens aussi puérils pour être instruite de ce qui importait au salut de la république ? C'est fort douteux,et il faut convenir que l'inquisiteur de M. Appert, placé derrière ce mur pour attendre les secrets qu'il plaira à la Fortune de lui envoyer, fait une pauvre figure et ne nous ap- paraît point avec le grand caractère que l'histoire attribue aux anciens maîtres de l'Adriatique et du Levant. M. Chaîne nous donne un épisode de la vie du Parmesan. Pendant le sac de Rome , en 1527, Krancesco Mazzuoli voit sa chambre envahie par des soldats allemands.- l'un de ces der- niers , sensible aux merveilles des arts, recherchait dans ce pillage les camées, les émaux, les médailles, les dessins, de préférence aux quadruples et aux pierreries. Cet amateur, caché sous le harnais du soudard, sauva la vie du Parmesan , en re- connaissance de quelques ébauches qu'il reçut de l'artiste , et le protégea contre les violences de ses camarades. M. Chaîne ne nous a peut-être jamais rien donné de supérieur à cette composition. L'ensemble, quoique d'un coloris un peu terne, est harmo- nieux ; chaque figure a été l'objet d'études soigneuses, et a l'ac- cent qui lui convient. Parmi les soldats qui se trouvent à gauche, on voit des physionomies originales et qui ont la vérité histori- que ; elles mettent bien devant nos yeux les bandes allemandes du XVIe siècle, telles que les souvenirs de cette époque peuvent nous les faire concevoir. M. Chaîne est un artiste de beaucoup de talent, appelé à faire honneur à notre ville , et ses progrès deviendraient sans doute beaucoup plus sensibles , s'il n'abordait pas tant de genres di- vers. Chaque année nous le montre faisant une tentative nou- velle : petits tableaux d'intérieur, études italiennes , scènes my- thologiques , tableaux religieux ; il devrait se souvenir que les maîtres, en général, ont montré d'autant plus de force et de véri- table fécondité, qu'ils ont borné plus étroitement leurs domaines. Nous avons, de M. Comte, un jeune homme jouant de la basse, auprès de qui se tiennent deux dames qui paraissent écouter avec plaisir le jeune virtuose. Le bassiste est bien peint et posé naturellement, mais il lui manque cette animation et cette sensibilité délicate qu'on aime à trouver sur le front de ceux qui cultivent les arts. Ce défaut est encore plus sensible dans les deux femmes qui sont reproduites avec lourdeur et vulgarité. Il y avait là un joli sujet, dont M. Comte aurait pu tirer meilleur parti. M. Barrias n'envoie à notre Exposition que de simples études; elles sont, à la vérité, d'un goût relevé. La Jeune Napolitaine,