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300                        DE LA SAONE.
tre les deux fleuves à la lenteur de l'un et à la rapidité de l'autre.
Ce qui semblerait justifier cette opinion, c'est qu'il est rare de
voir glacer le milieu d'une grande rivière, c'est-à-dire ce que l'on
 nomme le fil de l'eau ; c'est qu'ensuite l'on voit toujours les eaux
 stagnantes se congeler bien plus tôt sous l'influence du froid que
les eaux des rivières qui coulent avec rapidité. Toutefois, suivant
des hommes de la science, la rapidité du cours d'une rivière est,
en quelque sorte, nulle sur sa congélation ; cette rapidité n'ayant
d'autre effet, d'après eux, que de briser ou d'annihiler, par l'agi-
tation de l'eau, les pellicules de glace qui tendent à se former
lorsque la température de l'air et de l'eau répondent au zéro du
thermomètre ou à un degré inférieur. D'après la science, si les
eaux du Rhône ne passent de l'état fluide à l'état solide qu'à un
degré de froid très-marqué, c'est parce que le lit de ce fleuve
dégage une certaine quantité de calorique qui retarde sa congé-
lation, calorique fourni par un grand nombre de petites sources
qui sourdent dans le Rhône. Et alors il faut une grande inten-
sité de froid, et surtout un froid continu, pour que la tempéra-
ture de l'eau subisse la température de l'air.


  Le nombre de jours pendant lesquels la navigation de la Saône
est interrompue, par l'effet des gelées, est moyennement évalué
à dix ou onze par an.




   L'année 1608 fut remarquable par le froid extrême qui se fit
sentir. « Le dégel, dit Mézerai dans son Histoire de France, ne
causa pas de moindres dégâts qu'avait fait le grand froid ; ce
qui arriva à Lyon, en cette année 1608, est une merveille qui
mérite d'être rapportée. 11 s'était accumulé comme une montagne
de glaçons sur la Saône, devant l'église de l'Observance : toute
la ville tremblait de peur qu'en se détachant leur choc ne vînt
à emporter le pont ; et on faisait des prières publiques pour dé-
tourner ce malheur. Un simple artisan entreprit de les rompre