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260                       DE LA. SAONE.
le buste de Louis XVI, et de l'autre un très-beau groupe com-
posé des trois fleuves, la Loire, la Seine et le Rhin, au milieu
desquels la Saône, sous la figure d'une belle femme, portant la
couronne ducale, élève le caducée du Commerce, et soutient la
corne d'abondance pour en annoncer les effets.
   On lit dans la légende : UTRIUSQUE MARIS JUNCTIO TRIPLEX.
et à l'exergue : FOSSIS AB ARARI AD LIGERIM, SEQUANAM, ET
RHENUM SIMUL APERTIS. MDCC.LXXXIII.
   Dans l'antiquité, comme dans les temps modernes, l'on a
parlé bien des fois de la Saône, depuis César, Marc-Antoine,
Strabon, Pline, Tacite, Ammien Marcellin, et, depuis Virgile,
Sénèque et Claudien, jusques à Scaliger, Racine fils, M.-A. Pe-
tit, de Fontanes, etc.
   Parmi les ouvrages anciens qui ont parlé de la Saône, il faut
surtout mentionner le Livre des fleuves, faussement attribué
par quelques-uns à Plutarque. Suivant cet opuscule, la première
dénomination de la Saône aurait été Brigulus, et cette rivière
aurait quitté son nom primitif pour consacrer à jamais un trait
héroïque de l'amitié fraternelle. « Arar, dit l'auteur, étant allé
chasser dans une forêt, sur les rives de la Saône, y fit la rencon-
tre cruelle de son frère Geltiber dévoré par les bêtes sauvages ;
ne pouvant supporter un si douloureux spectacle, il se frappa à
mort sur les bords du fleuve, et tomba précipité dans ses eaux
qui, de ce moment, portèrent le nom d'Àrar. »
   L'auteur du Livre des fleuves prétend qu'il existe dans la Saône
un grand poisson appelé par les gens du peuple Scolopide, lequel,
au renouvellement de la lune, devenant de couleur blanche, et,
à son déclin entièrement noir, meurt percé par ses propres ar-
rêtes. L'on trouve, ajoute-t-il, dans sa tète, une petite pierre
de la grosseur d'un grain de sel qui, appliquée pendant le dé-
clin de lacune, s'ur le côté gauche, guérit de la fièvre quarte.
   Ce que rapporte le Livre des fleuves d'Àrar doit être relégué
au rang des fables, de même que le prétendu poisson dont il
parle, qu'on ne trouve mentionné ni dans l'ichtiologie particu-
lière de la Saône qui a été donnée par M. Monnier, ni dans au-
cune autre ichtiologie quelconque.