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                 JÉSUS CHEZ MARTHE ET MARIE.                      235

moins d'énergie que ceux de sa sœur; sa figure, plus ovale, est
aussi plus contemplative.
   A côté de ces deux têtes, où se fait sentir le travail de la fibre
humaine, apparaît la suave et divine figure du Sauveur, avec
ce type que les âges ont consacré, avec ce front calme, où la
gravité est tempérée par la douceur dont lui-même se glorifie,
avec cette pureté de lignes qui l'ont fait appeler le plus beau
des enfants des hommes.
   Les draperies nous ont paru jetées avec noblesse et simplicité.
Les plis ne sont ni tourmentés , ni ajustés avec cette symétrie
fatigante que quelques artistes avaient mise à la mode, où la
nature a tout à perdre, rien à gagner.
   On a reproché à M. Fabisch d'avoir tellement disposé ses per-
sonnages, que Marthe joue le principal rôle à l'exclusion du Sau-
veur. Nous ne savons pas l'idée de M. Fabisch à cet égard ; mais
ce qu'il y a de certain , c'est qu'il a combiné son sujet de ma-
nière à répondre victorieusement aux deux opinions : l'une que
Marthe doit être le principal personnage , parce que. c'est chez
elle que la scène se passe ; l'autre, que le Sauveur, à cause de
son rôle divin, ne peut occuper une seconde place. Que dirait-on
si le Seigneur était debout et Marthe assise ? Evidemment, ici
la lettre tuerait l'esprit. Au contraire, Jésus est assis, il parle en
maître, il tient la droite du groupe, c'est donc le premier per-
sonnage. Marthe debout, recevant la leçon divine, joue le
second rôle, et enfin Marie , assise bien bas aux pieds du Sau-
veur , arrive en troisième ordre. Voilà, ce nous semble, l'inter-
prétation la plus naturelle. Marthe est le principal personnage
en apparence, parce qu'elle domine matériellement le groupe ;
et lors même que cette place ne serait pas justifiée par la raison
de convenance, elle le serait par cela seul que Marthe est la pa-
tronne des sœurs hospitalières.
   Les bras de Marthe paraissent trop longs, avons-nous entendu
dire. Ce reproche peut avoir une certaine apparence ; mais il
disparait devant la réalité. Après un examen attentif, nous nous
sommes convaincu qu'il tient uniquement à ce que le socle du
groupe dérobant la partie inférieure des jambes de Marthe, l'œil