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114 M. A.-C.-H TRIMOLET. Je ne saurais dire la peine que me donnna mon pauvre ta- bleau : accroché à chaque instant par l'état de ma santé qui ne me laissait pas huit jours de bons dans le mois, par celle de ma malheureuse sœur.... par la presque impossibilité de me procurer ce qui était nécessaire à mon travail ; par les leçons du collège et par les portraits que je ne laissais pas aller, parce qu'ils fournissaient à mes besoins ; par mille choses enfin ; mon ouvrage traîna en longueur, et la révolution de juillet vint me surprendre y mettant la dernière main !... J'écrivis à M. le comte de Costa que j'avais terminé mon œuvre, et me disposais à l'envoyer. Mais, hélas ! nos trois glorieuses journées troublaient un peu la quiétude de nos bons voisins, et disposaient fort mal S. A. aux douces jouissances des beaux arts !... ha propagande était à craindre ! Le soleil de juillet chauffait les autres planètes, et la Sardaigne, satellite de l'Autriche, n'était pas sans quelqu'ap- préhension d'incendie. Bref, je tombais dans un mauvais moment, et je reçus, je ne dirai pas l'ordre, mais le conseil de ne présenter mon ta- bleau que l'année suivante... Malgré l'entourage de phrases bien- veillantes et louangeuses qui accompagnaient cet avis, je crus entrevoir qu'on ne serait pas fâché que je gardasse mon ou- vrage !... J'étais par Dieu bien loti avec mes moines sur les bras, dans un moment où l'on abattait les croix et pillait les églises ! ! ! Que faire et quel parti prendre? Mettre en avant les droits que me donnait la commande en bonnes formes que je pos- sédais! c'eût été bien bourgeois et bien cupide ! Je me sou- mis et j'attendis. Malgré les conseils de quelques amis douteux, je n'envoyai pas non plus ce tableau à l'Exposition de Paris, où, indubitablement il aurait été mal vu, ne fût-ce qu'à cause de son sujet religieux. D'ailleurs, je tenais, et on le comprendra sans peine, à ce qu'en temps opportun, il arriva à Turin , vierge de toute critique publique. Pendant que mon tableau, bien emborduré, faisait quaran-