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102                      PASSAGES ET SÉJOURS
reux possible ? Le mémoire fut fort remarqué, il était du reste
tout-à-fait dans les idées du temps. 11 commençait par deman-
der ce qu'était le bonheur, et répondait de jouir complètement
de la vie de la manière la plus conforme à notre organisation
morale et physique. Devenu empereur, il causa un jour de cette
circonstance avec M. de Talleyrand : celui-ci en courtisan habile
lui rapporta au bout de huit jours le fameux mémoire qu'il avait
fait déterrer des archives de l'Académie de Lyon : c'était en hi-
ver, l'Empereur le prit, en lut quelques pages et jeta au feu cette
production de sa jeunesse. Comme on ne s'avise jamais de tout,
disait l'Empereur, M. de Talleyrand ne s'était pas donné le temps
d'en faire prendre copie (1). » La connaissance de ce passage donna,
comme on le pense, lieu à des recherches de la part de l'Aca-
démie de Lyon, et, des renseignements recueillis, il résulte
que le prix proposé pour la question donnée par l'abbé Raynal,
ne fut pas décerné en l'année 1791, aucun des mémoires en-
voyés n'en ayant été jugé digne. Le prix fut donc prorogé à l'an-
née 1793, et le sujet modifié en ces termes : Dans l'état actuel
de nos mœurs, quelles vérités et quels sentiments la philosophie
et les lettres devaient-elles inculquer et développer avec force
pour le plus grand bien de la génération présente ? L'auteur qui
fut, cette fois, jugé digne delà couronne, était M. P. C. T. Daunou,
qui habitait alors rue Saint-Honoré, n° 330, à Paris.
   Le fait de l'enlèvement du mémoire de Buonaparte est exact.
L'Académie avait été, en 1793, dépouillée de ses livres et ma-
nuscrits, qui ne furent restitués qu'en l'année 1826. En 1829,
la sœur de M. Tabard qui avait été conservateur de la Biblio-
thèque publique, fit rétablir dans les archives de l'Académie
trois cartons contenant des mémoires de divers concours.
Une lettre de M. Tabard et un billet de M. Bureau de Pusy,


   (i) Ce discours n'a pas été perdu. Un des frères de Napoléon, qui en avait
été dépositaire, en avait pris une copie. C'est celle copie que le général Gour-
gaud publia en 1826. (Baudouin, Paris, in-8,—Voir dans la Revuedu lyonnais
un article intitulé : Concours de Napoléon pour un prix proposé par l'Académie
de Lyon, tome VI, p. 3j5,