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460                  LOUIS-PHILIPPE D ORLÉANS.

juillet n'eussent été le produit d'un complot dirigé par le duc
d'Orléans lui-même.


    Le lieutenant-général ouvrit, le 3 août, la session législa-
tive, par un discours où il parla avec moins de réserve qu'il
n'avait fait jusqu'alors, du coup-d'Etat du 25 juillet, et de
la part qu'il avait prise à la consécration du triomphe po-
pulaire. II fit une allusion convenable à d'augustes infortu-
nes, mais il ne trahit par aucune expression ses projets ulté-
rieurs. Ce fui le lendemain de celle séance que le jeune duc
de Chartres se réunit a sa famille. Ce prince avait rencontré,
entre Joigny et Melun, la duchesse d'Angouléme, lorsqu'elle
se dirigeait fugitive de Dijon sur Rambouillet, et l'avait fort
touchée par l'effusion de ses sentiments chevaleresques (1).
Retenu momentanément à Montrouge, où sa vie avait couru
quelques dangers, il entra à Paris à la tête de son régiment,
 au milieu des acclamations populaires.
    Cependant, le nouveau pouvoir recueillait les premiers
 fruits de son origine bâtarde et équivoque. Les partis, mis
 en présence, commençaient à s'agiter. On se plaignait de la
 lenteur du gouvernement à se constituer et à se dessiner. Ces
 doléances, qui passaient déjà jusqu'à la menace, inspirèrent
 à M. Bérard l'idée de formuler une charte destinée à con-
 sommer le changement de dynastie, mais en restreignant
 dans d'étroites limites les prérogatives du roi futur. Ce fut le
 6 août qu'il présenta à la Chambre des députés ce projet de
 constitution modifié par MM. de Broglie et Guizot, et dont
 la conclusion était l'appel au trône du duc d'Orléans et de

    (1) Celle courte entrevue, si honorable pour le jeune prince, a étéindigne-
 ment dénaturée par l'auteur de Deux ans de règne , ouvrage publié en 1833 ,
 sous les auspices du gouvernement de juillet.