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 450                LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS,

 ma lête(l). » Le prince ajouta que s'il n'avait point été à
 Saint-Cloud, c'était dans la crainte que Charles X ne le fît
 arrêter ; l'ordre était donné, lui avait assuré madame de
 Bondy, à un bataillon de la garde caserne au faubourg
 Saint-Honoré, de se porter sur Neuilly et de cerner le châ-
 teau dans le cas où le peuple essayerait de l'entraîner dans
l'insurrection (2). Le duc d'Orléans voulut savoir si les pou-
voirs de M. de Mortemart allaient jusqu'à le reconnaître
comme lieutenant-général du royaume. Le général répondit
 négativement et demanda à son tour au duc s'il lui répugne-
rait d'écrire à Charles X un billet conçu dans le sens des dis-
positions qu'il venait de manifester. Louis-Philippe écrivit à
l'instant ce billet, que M. de Mortemart enferma soigneusement
dans un pli de sa cravate ; puis il prit congé du prince et revint
au Luxembourg. « Le duc d'Orléans s'est montré parfait, dit-il
à quelques personnes ; ses sentiments ont été ceux d'un véri-
table Bourbon ! » Mais, quelques heures après , d'autres con-
seils avaient prévalu, et Louis-Philippe envoya, dans la ma-
tinée, réclamer son écrit à M. de Mortemart, qui le rendit
sans objection.
   Ce fut le tort capital, la faute inexcusable du duc d'Orléans
de ne s'être point rendu à Saint-Cloud pendant l'insurrection,
pour y offrir à Charles X l'appui de son épée, ou tout au
moins celui d'une utile médiation, et sa conférence avec M. de
Mortemart prouve combien il avait à cœur de s'en faire absoudre.
Mais sa justification reposait sur un fait imaginaire. En dépit
des prétendues informations de la comtesse de Bondy, aucun
ordre éventuel n'avait été donné par la Cour pour s'assurer de
sa personne. Il résulte d'un entrelien que M. de Conny eut,


    (1) Mémoires pour servir à l'histoire de la Révolution de 1830, par
i\). A. Mazas.
    (2) Louis-Philippe et la Contre-Révolution , etc., I. I, p. 159.