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436 LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS. que ce changement de système, peu conforme au caractère de Louis-Philippe, ne répondait d'ailleurs à aucun intérêt, à aucune exigence de sa situation. Ces faveurs signalées ne furent pas les seules dont la mai- son d'Orléans fui, à celte époque, redevable à Charles X. Ce monarque fit admettre le chef de cette maison, contrai- rement à l'avis de M. de Villèle, pour dix-sept millions dans la liquidation du milliard accordé aux émigrés. Il conféra de plus le cordon du Saint-Esprit à son fils aîné le duc de Chartres, el le nomma, très jeune encore, colonel du régi- ment de hussards dont son père portait le nom. La reconnais- sance du nouveau colonel eut lieu à Valenciennes, sous les yeux de Louis-Philippe lui-même, qui profila de cette cir- constance pour visiter les champs de bataille témoins de ses premières armes (1). Soit préférence réfléchie, soit calcul de popularité, le duc d'Orléans avait voulu que ses fils parlicipassenl à l'é- ducation publique au collège royal Henri IV. L'apparition de ces jeunes gens aux classes et au réfectoire du collège ne les empêchait nullement, d'ailleurs, d'êlre élevés en prin- ces. Chacun d'eux jouissait d'un appartement séparé dans l'intérieur de l'établissement. Ils dînaient au réfectoire com- mun, mais de mets apprêtés pour eux seuls. Quand leurs pré- Ci) Le duc d'Orléans se mollirait en loute circonstance nllenlif à caresser l'esprit militaire; mais rien, surtout, n'allait plus droit à son cœur que ce qui avait trait aux campagnes de la révolution. Dans un voyage qu'il fit en famille aux eaux d'Aix, eu 1826, il vit à Lyon le général Rouget, frère de Rouget de l'isle, auteur de la Marseillaise, et comme il s'étonnait de sou peu d'avancement dans l'armée. «Monseigneur, lui répondit Rouget, j'ai de par le monde une nièce qui me fait grand tort.» La réplique du prince est moins connue : «Elle est pourtant bien jolie, général, et nous avons passé, ma fa- mille et moi, d'agréables instants à la chanter en chœur le long de notre route. »