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LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS. 401 retour de mes erreurs, contribuer de ma personne à ouvrir au roi le chemin de Paris : mes vœux du moins hâtent la chute de Buonaparte que je hais autant que je le méprise. » Ici, s'offre un rapprochement que l'histoire ne saurait négliger sans injustice. Tandis que, de plus en plus infidèle à ses souvenirs patriotiques , le soldat de Jemmapes ap- plaudissait ainsi aux succès de la coalition qui deux fois avait dédaigné ses services, quelle était la conduile du chef de cette branche aînée des Bourbons qu'on a si souvent, si exclusivement accusée de s'être réjouie des revers de la France? La cité de Londres célébrait alors par une fête solennelle les victoires des alliés, et Louis XVIII était instamment convié à y assister. Voici dans quels termes pleins de noblesse ce prince motivait son refus : « J'ignore, répondit-il, si le dé- sastre de l'armée française est un des moyens que la Provi- dence, dont les vue." sont impénétrables, veut employer pour rétablir en France l'autorité légitime ; mais ni moi, ni au- cun prince de ma famille ne pouvons nous réjouir d'un évé- nement qui a causé la mort de deux cent mille Français. » Ce langage n'était pas sans doute exempt d'appareil ; mais il témoigne du moins que le proscrit d'Harlwell n'abdiquait jamais, même en présence des évènemenls les plus propres à émouvoir ses espérances, celte dignité extérieure, celle convenance toute française qui furent les vertus de son exil, et qui sont demeurées son plus beau titre à l'intérêt et à l'estime de la postérité. Ce fut le 22 avril 1814. que le duc d'Orléans, en entrant dans l'Hôtel de la Marine à Palerme, apprit de la bouche même de l'ambassadeur anglais, la déchéance de Napoléon et l'appel de Louis XVIII au trône de France. Il partit aussitôt pour Paris, où il arriva le 18 mai. A. BODLLÉE. (La suite au prochain numéro). 26