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LOUIS-PHILIPPE L'ORLÉANS. 379 arsenal de marine de Carlschrona, repassa le Sund, et revint à Hambourg par Copenhague et Lubeck, vers le milieu de l'an-1796. L'état intérieur de la France s'était favorablement modi- fié durant ces intéressantes pérégrinations du jeune exilé. Au régime de la terreur avait succédé un gouvernement faible, immoral, mais non oppresseur. Les partis conservateurs, délivrés du joug sanglant de la Convention, recommençaient a s'agiter en face d'un incertain avenir. Lasse des saturnales et des oscillations de la démocratie, la France, par une tendance insurmontable, aspirait à retrouver l'unité monarchique. Quelques partisans du système constitutionnel tournaient leurs regards vers le duc d'Orléans, et, du fond de sa retraite dans le Holstein, Dumouriez, fidèle à ses anciennes prédi- lections, proposait sérieusement au général vendéen Cha- retle de mettre son héroïque épée au service du fils de Phi- lippe-Égalité. Quelques hommes politiques placés aux ave- nues même du pouvoir, offraient au marquis de Puisaye, encore courbé sous l'impression du désastre de Quiberon, des secours considérables, sous la condition de recevoir le prince dans les rangs de l'armée royaliste (1). Insensiblement, ces bruits prirent assez de consistance pour que l'ancienne gouvernante du duc d'Orléans, madame de Genlis, crût de- voir, dans l'intérêt même de sa gloire, exhorter ce prince, par une lettre devenue célèbre, à repousser ces pensées d'é- lévation. « Quand vous pourriez raisonnablement et légiti- mement prétendre au trône, lui écrivait-elle de Silk, le 8 mars 1796, je vous y verrais monter avec peine, parceque vous n'avez, à l'exception du courage et de la probité, ni les talents, ni les qualités nécessaires dans ce rang. Vous (i) Mémoires sur l'hist. secrète de la Vendée, par M. de V.