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LOPIS-PHIUPPE »'ORLÉANS. 375 Saint-Gothard. Il frappe. Un moine à tête chauve, à barbe grise, ouvre un vasistas, et, trompé par la mise modeste des deux étrangers, il leur refuse un logement et leur indique, en face de l'hospice, un mauvais hangar où se trouvaient réunis des muletiers et des mulets. — « Mais, révérend père, dit le prince, nous vous paierons bien, n'ayez pas peur. » Enfin la porte s'ouvrit, et les deux voyageurs, exténués de fati- gue et de besoin, purent prendre pari au plus frugal des repas. Toute pénible qu'elle était, celte vie de sacrifices ne pou- vait se prolonger. Il fallait un abri à celle tête proscrite. Au mois d'octobre, le prince apprend par le général de Montes- quiou qu'une place de professeur de mathématiques est va- cante au collège de la petite ville de Reicheneau, dans le canton des Grisons. 11 se présenle, sollicite un examen, il est admis sous le nom de Chabaud-Latour, qui depuis a ap- partenu à un député de la Restauration. Celle situation si nouvelle pour un prince français dura près de quinze mois, pendant lesquels l'auguste professeur sut rigoureusement s'astreindre au régime usilé au collège de Reicheneau. Il se levait chaque jour à quatre heures, et s'a- donnait avec une assiduité exemplaire à ces exercices péda- gogiques, les plus pénibles de lous, parce qu'ils usent égale- ment l'esprit et le corps. Indépendamment des mathémati- ques, Louis-Philippe, dont l'instruction était aussi solide que variée, enseignait à ses élèves le français, l'histoire et la géo- graphie. Le secret de son nom, connu seulement d'un des propriétaires du collège, ne cessa d'être religieusement ob- servé. Ce fut dans cette retraile si auslère el pourtant si précieuse el si regrettée plus tard au sein des splendeurs amères du rang suprême, que Louis-Philippe apprit la mort de son père, immolé le 6 novembre 1793, sous la hache révolutionnaire. Cet événemenl, qui faisait de lui le chef de la maison d'Or-