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                        DE LA TRADITION DES GÉANTS.          2&9

 l'esprit humain est si naturellement porté. Les Patagons, que
 les premiers voyageurs, Magellan, Sarmiento , Hawkins,
 Lemaire, Schouten et autres avaient représentés d'une taille
 si prodigieuse , se sont trouvés réduits, d'après des rapports
 sûrs et récents, à une taille de bien peu supérieure à la taille
 ordinaire.
    On pourrait opposer ici ce texte de la Genèse : Gigantes
autem erant super terram (1). Mais il n'est pas sûr que le mot
 HÉBREU, Nephelim que les Septante et la Vulgale rendent
 par Gigantes signifie des hommes d'une haute taille. Aquila
 et Symmaque le traduisent panhommes violents et agresseurs,
 et ce sens a été suivi par un grand nombre de commentateurs
et de Pères, Philon, Origène, Eusèbe, etc. Consignons
 ici.avecdomCalmet,!a coïncidence singulière du nom HÉBREU
Nephelim avec celui que les Grecs donnaient aux Centaures
race violente et redoutable, moi vfÇsXœv, enfants des Nuées.
    Mais puisque cette tradition des géants est une tradition
fabuleuse , quelle cause a pu lui donner naissance? Qui a pu
la répandre chez lant de peuples d'origines, de coutumes ,
de religions si diverses , tcllemenl éloignés les uns des autres
et même séparés par la vaste étendue de l'Océan ? Celte
question , assez importante cependant, n'a pas , je le pense,
été encore examinée. Qu'on me permette de présenter ici
mes conjectures à ce sujet.
    Une des premières causes qui ont pu faire croire dans les
premiers siècles n l'existence antique d'une race de géants,
ce sont tous ces ossements, ces restes gigantesques d'ani-
maux anté diluviens, de mastodontes, d'hippopotames qui se
trouvent répandus dans toutes les contrées, sur le haut des
montagnes , dans les cavernes profondes, sur les rives escar-
pées des fleuves et dans les diverses couches des terrains que

  ( i ) Ch, vi, v. 4.