page suivante »
236 CHAGNY. Martin, dont le type romano-byzantin a été altéré par des restaurations oiseuses. Ce vaisseau à trois nefs déterminées par trois entre-colonnements à arcades ogivales, pour chaque flanc, a de l'ampleur et un austère mouvement de lignes. Sa nef mineure australe, à la droite du spectateur qui franchit le seuil, est plus large que la contre-nef boréale. Voici pro- bablement la raison de ce fait. On sait que, dans le moyen- âge, la loi orientale de la séparation des sexes dans les ba- siliques était religieusemeot observée: or, il paraît que, dès ces temps de foi, à Chagny comme ailleurs, les rangs des femmes étaient toujours plus pressés que ceux des hommes dans le temple, c'est pourquoi on donnait des dimensions plus grandes à la région de l'église qui leur était affectée. Il est aisé de voir qu'un plafond dut rendre primitivement l'église de Chagny conforme à la basilique latine, et que la voûte y est une addition très-postérieure, car, sans cette dis- position, les baies supérieures de la nef majeure se seraient trouvées trop près des naissances, et l'on aperçoit d'ailleurs la corniche où s'appuya le plafond. L'architecture originelle n'avait rien préparé bien évidemment, dans ce vaisseau, pour recevoir une voûte. Sous l'étage supérieur des fenêtres de la grande nef, on voit un second rang de petites baies à plein-cintre, comme celles du haut, aujourd'hui bouchées, qui simulaient le triforium. Les deux aspides mineures se terminent carrément. Plusieurs piliers cannelés annoncent le luxe qui avait présidé à cette construction, dans le com- mencement du XIII e siècle. La primitive apside majeure voûtée en demi-coupole a été remplacée, au XVe siècle, par le chœur actuel bâti dans les limites de l'ancien. Le sanc- tuaire existant aujourd'hui, terminé carrément, infiniment plus bas que la nef qui s'élança avec la voûte, est séparé d'elle par un arc triomphal démesurément développé : sa croisée d'honneur offre un fenestrage élégant et souple. La