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Vik NAPOLEON A LYON. lequel vous lui proposez de la placer, mais elle vous prie de trouver bon qu'elle présente son aigle sans l'assistance du chef naturel de la garde nationale, comme elle l'a fait exécuter sans la participation de M. le maire. Ici un mouvement bien visible de dépit se fit remarquer sur la physionomie ordinairement très insignifiante de M. de Fargues. Il insistait pour nous faire accepter sa présidence et nous persis- tions à la refuser, lorsque la porte des appartements intérieurs s'ouvrit et qu'on appela : Messieurs les membres de la députa- tion pour la remise de l'aigle.' Nous entrâmes et la porte se referma entre nous et le malencontreux M. de Fargues. L'Empereur était seul et debout dans la pièce où nous venions d'être introduits ; nous étions une quinzaine ; nous formâmes un cercle dont Napoléon occupa le centre. Camille lui présenta l'aigle ; le discours dont il l'accompagna ne fut pas long et n'em- prunta rien au style des harangues officielles. — « Sire, dit-il, nous venons offrir cet aigle à la Garde impériale, nos services à Votre Majesté et nos bras à la patrie. » Napoléon, prenant l'étendard des mains de Camille et l'a- dresse que je lui présentai, répondit à peu près en ces termes : — Je sais, Messieurs, que la France et moi nous pouvons compter sur votre patriotisme et votre dévouement. J'accepte votre aigle au nom de ma Garde et je vous en remercie pour elle. Heureuse de la tenir de mes braves Lyonnais, elle ne s'en sépa- rera jamais. Puis, s'approchant sans affectation de Camille , à côté duquel j'avais eu"soin de me ranger, il ajouta à voix basse et de manière à n'être entendu que de nous deux : — J'accepte aussi, Messieurs, les services que vous m'avez fait offrir par le général Drouot. Quand pourrez-vous partir ? demanda-t-il plus particulièrement à Camille. — Sire, aujourd'hui même si Votre Majesté le désire. — Bien. Allez voir Drouot, il vous donnera vos instructions. Vous , poursuivit-il, en me regardant, vous êtes marié. restez auprès de votre femme.