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                          NAPOLÉON A LYON.
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   Si on le savait ambitieux , on savait aussi qu'il voulait du moins
   et avant tout, que la France fut grande, forte et respectée. Voilà
  pourquoi Bonaparte général, consul ou empereur, avait acquis
  tant de popularité à Lyon ; voilà pourquoi les habitants de cette
  ville l'accueillirent avec tant d'enthousiasme à son retour de l'ïle-
  d'Elbe , retour qui semblait d'ailleurs tenir du prodige.
     Lorsqu'on apprit à Monsieur que les soldats de la garnison
  se précipitaient dans les bras de leurs camarades de la Garde et
  que les citoyens couraient fraterniser avec les troupes de l'Empe-
  reur, il ne vit rien de mieux à faire que de sortir de table, de
  monter en voiture et de reprendre en toute hâte la route de
 Paris, tandis que des badigeonneurs improvisés effaçaient sous
 ses yeux le mot royal de toutes les enseignes des débitants de
 tabac et des bureaux de loterie.
     Aucun de ces zélés royalistes qui peuplaient les salons et les
 antichambres des princes, qui se coiffaient du chapeau à la
 Henri IV ou qui s'attelaient comme des chevaux de trait au\ voi-
 tures des princesses ; aucun d'eux, disons-nous, ne poussa le
dévouement jusqu'à se trouver au départ du comte d'Artois et
lui faire escorte. On dit alors, et l'on a répété depuis, qu'un seul
officier de la garde nationale lyonnaise accompagna le prince
jusqu'à quelque distance de la ville. Mais ce fait n'a jamais été
prouvé ; M. Verdun , auquel on l'attribuait, et qui pourtant n'é-
tait pas homme à faire mystère d'une action qui pouvait le mettre
en relief, ne se vanta jamais de celle-là ; seulement il ne la dé-
mentit point et il accepta la décoration de la Légion-d'Honneur
dont Napoléon , crut devoir le récompenser.
   Cependant les autorités lyonnaises étaient enfin convaincues
de l'impossibilité d'empêcher que la ville ne fut bientôt occupée
par les troupes impériales ; mais, tout en reconnaissant cette
impossibilité, elles se laissaient aller aux plus étranges illusions :
elles s'imaginaient qu'elles dicteraient à Napoléon les conditions
de son entrée à Lyon. Dans cette étonnante pensée , elles dépê-
chèrent au quartier général de l'Empereur une députation com-
posée d'officiers de l'Etat-Major de la garde nationale, ayant