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    110                     NAPOLEON A LYON.

    subites averses, si communes au mois de mars, vint à propos
    lui permettre de dissimuler sa déconvenue ; le registre ne pou-
    vant demeurer exposé à la pluie, il se hâta de l'enlever à la pre-
    mière goutte d'eau qui tomba et de l'emporter loin des mauvais
    plaisants, prétendant quel'addition des noms inscrits n'occuperait
    pas longtemps M. le baron.
         De leur côté, les militaires qu'on avait laissés l'arme au bras,
    se voyant assaillis par l'averse, coururent s'abriter dans les
    allées des maisons qui bordent la place Bellecour et où s'étaient
    également réfugiés bon nombre de citoyens surpris par la
    bourrasque.
         « Gomment, camarades, leur dit un honnête bourgeois, la
    pluie vous fait abandonner votre poste ! On n'aurait pas cru
     cela du brave troupier français.
         » Bah! répondirent-ils, que voulez-vous ? Nous n'avons plus
     que quelques heures à servir comme soldats du pape et nous
     profitons de notre reste. Mais Vautre va revenir et ce sera un
     peu différent. N'y aura pas de risque alors que la pluie.... Nous
     redeviendrons soldats pour tout de bon, allez, soyez tranquille. »
         Pendant ce temps le prince déjeunait et sa réfection n'était pas
     achevée que l'avant-garde de l'armée impériale entrait au fau-
     bourg de la Guillotière et pénétrait jusque sur le pont où, aidée
     par les soldats envoyés pour la combattre, elle faisait voler les
     barricades dans le Rhône, aux cris de : Vive l'empereur ! reten-
     tissant sur les deux rives du fleuve.
         Lyon offrit en ce moment le spectacle le plus curieux qu'une
     ville menacée d'être attaquée ait peut-être jamais présenté. Ses
     habitants sortis de leurs demeures , de leurs comptoirs , de leurs
     ateliers , s'étaient répandus dans les rues, sur les places publi-
      ques , sur les quais, principalement sur ceux du Rhône, dans
      l'attente d'un événement pour lequel étaient visiblement toutes
      leurs sympathies ; à la vérité , elles n'avaient point encore éclaté,
      mais aussitôt que les chevaux de frise du pont de la Guillotière
      eurent été renversés ; la glace se rompit : toute cette population qui
      garnissait les quais du Rhône et les rues adjacentes, laissant




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