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90                    EXPOSITION 1847-48.
    La plupart des paysagistes sont arrivés, à force de créer des
sites avec le secours de leur souvenir ou de leur imagination,
à dessiner une nature factice , dénuée même de toute vraisem-
blance ; les uns cherchent les grandes lignes, les formes sévères,
tout ce qui constitue le style idéal , les autres choisissent une
couleur quelconque qu'ils adaptent en montant ou en descen-
dant sa gamme à tout ce qui forme le tableau : ciel, terrain,
fabrique , etc. Exemple : M. Servan a , sous le N° 535, une toile
entièrement couleur de rose ; il n'a guère été plus heureux dans
ses deux autres paysages. Ou il n'a jamais vu ia mer , ou il n'a
pas l'intelligence de ses effets; dans son tableau de l'Ile de
Pathmos, elle ressemble à de l'eau de savon, et les rochers à
ceux du Bugey. On peut donner à ces paysages toutes les déno-
minations possibles , car les figures ne signifient absolument
rien.
    M. Girardon a pris de la main, il arrange mieux ses motifs ,
et cependant nous préférons ses premiers paysages à ceux qu'il
expose aujourd'hui ; il y avait, dans sa Vue de Viviers, une vé-
rité d'aspect et une simplicité d'exécution bien supérieure, selon
nous, à la facilité extrême qu'il déploie aujourd'hui.
    Nous connaissons de M. Théodore Blanchard des paysages pré-
férables à sa Vue des bords de la Seine, qui n'en est pas moins
une jolie chose.
    M. Ponthus Cinier vise à l'effet et réussit à en faire ; sa cou-
leur est brillante, sa touche facile ; l'ensemble de ses tableaux
est harmonieux, mais un peu bruyant ; que M. Cinier se méfie
de son imagination et de sa facilité. Nous citerons encore le
Ruisseau dans un bois de M. Lambinet, les éclatants paysages
de M. Lapito, où le chic et l'adresse remplacent le vrai ; ceux de
M. Hostein où l'on retrouve toujours les mêmes qualités décom-
position et les mêmes défauts de faire.
    M. Loubon nous a envoyé deux tableaux d'une couleur su-
perbe ; sa Vue d'Allauch est d'une vérité parfaite.
    M. Fonville, toujours fécond, n'a pas été bien inspiré dans sa
 Vue du château de Cornillon, ni dans sa Vue de Sassenage,
dont les horizons sont mesquins, les terrains peu accidentés, et
l'effet général un peu plat; nous préférons de beaucoup sa Vue
de Saint-Just, qui est pleine d'air et de lumière.
    Mentionnons les paysages de Mlle Chollet, celui de Justin
 Ouvrié, et les deux Vues de M. G. Lacroix, et celle des Tuileries
 de M. Mellé, où il y a beaucoup à louer.
    Quant aux paysagistes genevois pour lesquels nous avouons
 n'avoir aucune sympathie , c'est toujours le même système de
 petits moyens pour arriver à de petits effets. Tous les imita-
 teurs de M. Diday (et à Genève tout ce qui peint imite M. Diday),
 l'ont les nuages comme les rochers, et les rochers comme' le ciel
 et les arbres ; il résulte de ce parti pris une peinture qui ne tra-