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                   DE LA DOULEUR DANS LE TEMPS.                             77
toi, si un homme dans les ténèbres de son cœur, a su re-
trouver ton sentier. 1! (1)
   Le christianisme ne vous a pas dit son dernier mot... atten-
dez que les âmes se conduisent par l'amour !

   Dirai-je encore qu'il est un mot dans la langue , remar-
quable après celui de Dieu, mot qu'on n'applique même pas
au Ciel : ce mot fut inventé pour l'homme ! Le Sublime, con-
siste dans la liberté aux prises avec la destinée-, ou avec les
passions. Les transports de l'ôde, le cri de la tragédie, le
dernier coup d'aile de la poésie , ne sont que pour atteindre
le sublime. Dieu est inlini , l'homme seul est sublime; car
l'homme seul peut s'élever au-dessus de lui-même ! On n'est
sublime que devant la douleur, ou devant la mort !... (2)
   Ce n'est pas tout. N'avez-vous point observé vous-même
une chose bien grave, c'est que celte même douleur est loul-
à-fait hors de proportion avec l'homme ? Il faudrait si peu
de douleur pour purifier un être ! qu'elle éclate aujourd'hui
dans une âme , qu'elle l'ait entièrement renouvelée , il semble
que tout soit achevé. Mais voilà que demain la douleur re-
vient, et elle revient ainsi avec les trois cent-soixante jours
de l'année, et durant toutes les années de la vie. L'intarissa-
ble amertume coule sans fin, débordant au loin l'existence.
El l'homme, du faîte de ses destinées, aperçoit balloler
sa vie comme un faible point sur l'immense Océan de ses
douleurs!

   (i) « Si l'apôtre S. Paul, s'écrie Bossuet, a dit que le fidèle est un spec-
tacle au monde, aux anges et aux hommes, nous pouvons encore ajouter qu'il
est un spectacle à Dieu même. »
   Fragm. du Serai, de BOSSOET sur le bonheur du ciel, tom. III.
   (2) La personnalité n'a tant de prix aux yeux de Dieu que parce que l'homme
l'a toute faite ! Chaque homme a de lui-même une grande estime, et il a bien
raison si c'est l'humilité qui lui fait lumière !