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DE LA DOULEUR DANS LE TEMPS. 39 tamment la tête haute à l'homme. Aussitôt qu'elles flottent, sa volonté retombe et l'orgueil croît d'autant. Car l'orgueil se met tout de suite à la place de l'âme. Examinez avec atten- tion les hommes ordinaires, ceux surtout qui vous sont soumis, vous verrez dans quel moment leurs forces se cabrent en eux; dans quel moment, au contraire, toutes leurs vertus se relè- vent... et vous serez saisi d'un sentiment inconnu d'admi- ration pour l'incomparable justesse avec laquelle la destinée humaine est pesée! L'orgueil et la paresse, état natif de la presque totalité des âmes, oblige Dieu à les tenir ainsi dans les rigueurs du tra- vail assidu. Laissé à lui-même sur le premier degré de l'être, le relatif y fût resté ; déposé là avec la force, l'orgueil eût enflé son être jusqu'à ce qu'il éclatât dans la ruine. Sachez comprendre : il faut que l'être libre naisse enfant, et que sa substance à mesure s'enferme dans sa volonté... 0 noble race d'Adam ! Gloire à Dieu ! la vie est faite pour préparer la liberté ! Quels êtres faibles auraient voulu rejeter le glorieux fardeau? il est des hommes, peut-être, qui regrettent de ne pas être nés des femmes... il en est sans doute aussi qui regrettent de ne pas être nés des anges, tout fabriqués pour ie bonheur? si c'est leur goût, je le leur laisse... Dieu a conservé une meil- leure idée de nous ! du fond de mon âme et de mon cœur, je lui en crie : MERCI ! La faim fait sortir l'homme de son germe., le travail le fait croître de sa lige., et la douleur, retirant tout sol rap- porté , lui rend ses propres racines. Ah ! dans l'infini seule- ment on verra ce que vaut la faim Mais la faim ne maintient pas seulement l'âme dans la position naturelle du relatif; le travail n'habitue pas seulement le cœur à sortir peu à peu de lui-même afin de se donner par amour; et il