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                      PIERRE D ' É V I N A C              181




   Vous remarquerez qu'on négociait avec le roi en plein
siège, à un moment où on avait fort peu envie de s'entendre,
et quand on déclarait avec un certain apparat qu'il était
interdit de parler de paix avec l'hérétique. Jamais, je pense,
époque n'a été plus discutante que ces années terribles où
on ne s'attendrait qu'à des coups d'épée, batailles et sacs de
ville.
   Epinac était naturellement désigné pour ces luttes de la
diplomatie où il manoeuvrait avec aisance et dextérité. Je
ne dirai rien de ces négociations, pas même de la célèbre
conférence de Suresnes, qui précéda de peu et prépara la
conversion du roi ; il suffit d'en dégager quelques points
généraux.
   Et d'abord, si je me permets de le dire, elles sont
ennuyeuses, parce qu'elles sont compliquées, subtiles,
obscures, conduites ordinairement avec peu de bonne foi,
et presque toujours sans résultat appréciable. Les vues des
purs ligueurs, des parlementaires, du pape, des Italiens, des
Espagnols sur l'issue de la Ligue ne peuvent pas être les
mêmes, et de ce conflit d'intentions et d'intérêts naît une
confusion inextricable ; d'autant plus que, en ces matières
délicates de la diplomatie, les documents ne sont jamais
tout à fait explicites : ils ont des sous-entendus qu'ils nous
laissent à deviner, et que nous ne devinons pas toujours.
Enfin, pour trancher net et sous une forme discourtoise,
on est souvent tenté d'envoyer au diable toute cette fine
stratégie.
   Ensuite la conduite d'Epinac est malaisément explicable,
son attitude paraît bien hésitante. Qui trompe-t-il? Pour