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170                    PIERRE D EP1NAC

ans, n'a probablement jamais mis le pied dans son diocèse!
Et qu'y serait-il allé faire ! Il n'était même pas dans les
ordres ! Mais j'avoue qu'Epinac n'aurait pas eu grand
mérite à prendre un peu plus au sérieux son caractère
d'évêque.

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   Les premiers Etats de Blois firent brusquement passer
Epinac à la gloire. Nommé président de la Chambre ecclé-
siastique, il prononça dans l'Assemblée plénière des Etats
Généraux, le 17 janvier 1577, le fameux discours qui a été
tant de fois réimprimé. Quarante ans plus tard, on y admi-
rait toujours « la plus part de ce que les bons Roys doibvent
observer ». Sous la forme d'une harangue d'apparat, c'est en
effet un traité de gouvernement, et « pleust à Dieu que
Henri III, qui l'ouït prononcer, s'en fust mieux souvenu
qu'il n'a faict aio pour luy-mesme ; il eust faict un grand
proffict, et pour son peuple aussy ».
   Qu'a-t-il donc de si merveilleux, ce discours qu'amis et
ennemis ont également loué ? Je l'ai lu autrefois tout entier,
et j'en imposerais, si je disais qu'il est exempt de rhétori-
que artificielle. Mais, cette part fait au goût du siècle, c'est
une page d'éloquence politique très haute, étayée sur une
érudition historique de bon aloi, soutenue par la chaleur,
la force, la hardiesse, la franchise que tempère comme il
convient la déférence due au prince. Je ne sais si jamais on
avait parlé avec plus de vigueur à l'autorité publique (1).


  (1) Je rappellerai cependant le beau discours prononcé aux Etats
généraux de Tours, en 1484, par un autre Forézien peu connu, Jac-
ques de Viry, député du tiers.