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              LES JULLIACIENS AU SIEGE DE LYON                        269

«   Paris. Il vous ira trouver et vous remettra ce mot. Il
«   vous dira de vive voix quels sont nos projets, quelles
«   sont nos espérances, ce que nous attendons de votre
«   bonté. Dites que les armes seront prêtes et en lieu sûr en
«   dépit de toutes les frayeurs.
    « Je ne puis vous en découvrir plus long. Le porteur
«   suppléera à toutes les réticences que je m'impose. Rece-
«   vez, je vous prie, l'assurance des sentiments de respect et
«   d'attachement avec lesquels j'ai l'honneur d'être, mon
«   Révérend Père, votre très humble et très obéissant servi-
c
e   teur.
    « A Lyon, ce 7 juin 1790.
                           « Signé: J.-P. de Chamousset. »
  Le courrier royal, à en croire une note ajoutée plus tard
sur le verso de la feuille, était un jeune lieutenant du régi-
ment de Port-au-Prince, sorti de l'Académie depuis cinq
ans seulement, Jean-François-Marceh'n d'Anglade (1), d'une

     (1) Jean-François-Marcelin d'Anglade, né à Saint-Domingue le
I e r avril 1769, élève de Juilly du 27 septembre 1777 au 29 août 1785,
était neveu du Père Laurent d'Anglade, le fondateur du collège ora-
torien de Lyon. Cadet gentilhomme en 1787 au régiment de Port-au-
Prince, sous-lieutenant en 1788, lieutenant en 1790, émigré en 1791, il
servit à l'armée de Condé comme chasseur dans la 9 e compagnie de
l'infanterie noble. Envoyé en mission secrète à Paris en 1796, il reçut
asile dans la famille d'un condisciple, le futur général A. H. Bouvet
de Lozier, à cette date lieutenant-colonel des chasseurs du Prince de
Galles. M1|e Bouvet et M. d'Anglade se prirent d'une mutuelle affection,
et M m e de Bouvet consentit au mariage de sa fille avec le jeune officier,
à la condition qu'ils ne se verraient que devant elle et en cérémonie
jusqu'à la fin des troubles. La bénédiction nuptiale fut donnée par un
prêtre orthodoxe pendant la nuit. Peu après, M. d'Anglade dut retour-
ner au corps des émigrés rendre compte de sa mission. Il mourut
le 13 août 1796 des suites des blessures reçues le même jour au combat