Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                          PIERRE D EPINAC                           I75

intéressés à déconsidérer le plus redoutable adversaire de
leurs prétentions ; aucune trace dans les rapports des nonces,
que touchait au premier chef l'honneur de l'Eglise.
   Un seul document, que M. Richard imprime avec loyauté
tout au long ( i ) , semble d'abord accablant. C'est la dénon-
ciation formelle envoyée au Saint-Siège par un docteur en
théologie, qui n'a pas signé son factum. Cette circonstance
est déjà défavorable à l'accusation; cependant, les faits énon-
cés sont si catégoriques et si précis, que la pièce peut faire
impression. Mais, en y regardant de près, on s'aperçoit
qu'elle ne fait que traduire en latin élégant les méchancetés
de 1!'Antigaverston ; elle sort évidemment de la même
boutique.
   Ainsi, des propos incertains, inventés par la haine et la
vengeance, colportés par une cabale, propagés hardiment
par des pamphlets, voilà ce qui reste de ces misérables
calomnies. Ou plutôt il en reste un roman d'affection fra-
ternelle, très pure mais un peu exaltée.
   Claude d'Epinac était plus jeune que Pierre de sept ans. Son
mariage avec Jean du Saix déclaré nul, elle chercha un refuge
auprès de son frère, son protecteur naturel. Pierre était la
gloire, l'orgueil de la famille ; Claude s'attacha à lui, et le servit
avec un dévouement passionné, où il entrait sans doute un
grain de vanité féminine. Elle gouverna le ménage épiscopal,
confondit ses revenus avec ceux de Pierre, le suivit comme
son ombre dans ses voyages, le soigna dans ses longs accès
de goutte, lui donna tout, sa vie, ses pensées, sa fortune.
Qui donc n'a pas rencontré quelque exemple de ces infimes


   (1) Pièces justificatives, n° XV. On ne manquera pas de lire aussi la
pièce suivante, signée « l'amateur de la S. Foy », écrite dans un jargon
moitié français et moitié italien. Elle doit être d'origine lyonnaise.